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    Mon amour dans le cadre du Focus Vanves aux Tanneurs

    Mise en scène de Thomas Ferrand, avec Mélanie Giffard et Laurent Frattale, scénographie de Salladhyn Khatir
    Du 13 janvier au 14 février 2015 à 20h30 au Théâtre des Tanneurs

    Mon amour est un spectacle d’une rare intensité avec une mise en scène complètement déjantée. Laurent Frattale et Mélanie Giffard sont issus de la compagnie Projet Libéral qui constitue des spectacles mêlant théâtre, danse, arts visuels et musique live. Un parti pris très réussi dans ce cas. Le décor, posé par Salladhyn Khatir, est carrément hallucinant : des bandelettes s’étendent du plafond de la scène jusqu’au milieu de la salle au-dessus d’une partie des spectateurs, donnant des jeux de lumière très particuliers dont les ombres se répercutent au sol unissant le fond et la scène.

    La scénographie est tout à fait inattendue : on entre dans une salle enfumée ce qui crée déjà un univers bien spécifique. Ensuite, toute une série d’objets hétéroclites et surprenants sont utilisés : posters de paysage de vacances, bouquet de fleurs, confettis qui explosent, bouquin enflammé, utilisation d’un micro, changement de costumes très fréquents, pelures d’orange jetées sur le public, etc.

    Construit sur le texte du Dom Juan de Molière et accompagné de musique baroque diffusée en boucle et en lien direct avec l’époque concernée, ce spectacle interroge la place de la séduction et du désir, intimement lié puisqu’il ne peut y avoir de séduction s’il n’y a pas de désir. Ces sujets sont traités dans ce qu’ils peuvent avoir de plus répétitif mais aussi de plus malsain. Le désir est une drogue, une boucle infernale et absurde se répétant sans cesse, un sentiment que l’on recherche désespérément mais qui reste à jamais inassouvi.

    C’est le chaos qui règne en maître et dans un vacarme assourdissant on perçoit le débit de parole des acteurs, tellement rapide que l’on se retrouve dans une sorte de transe : on n’a pas la possibilité de tout comprendre. Ce qui est intéressant néanmoins, c’est que ce que chacun entendra ou comprendra, sera directement lié à sa propre perception, sa propre sensibilité dans un réel partage entre les acteurs et les spectateurs. Chacun finit par se confondre dans l’autre dans cette recherche du désir absolu dépourvu de sens.

    Une vision hallucinée et burlesque d’un grand classique du répertoire théâtral français, une découverte surprenante magnifiée par une superbe performance.

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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