Le début des festivités du BIFFF 2014 se déroulait le mardi avec le film anniversaire de la Hammer, mais l’entrée de l’équipe du Suricate Magazine ne s’est fait que le mercredi, mais en force.
Avant chaque film, on a bien sûr droit au célèbre teaser du BIFFF qui va nous accompagner à chaque séance. Cette année, il est assez cheap et moins impressionnant que ce que l’on a pu voir. Heureusement les «I’m back» et «Welcooooome» sont toujours là et permettra aux bifffeurs de se lâcher. Mais commençons directement avec le tout premier film !
The Necessary death of Charlie Countryman de Frederik Bond
Pour notre entrée dans le vif du sujet, on peut dire que le BIFFF nous a saigné à blanc, à un point tel que l’hémorragie a provoqué chez nous une somnolence involontaire. Il faut dire que The Necessary death of Charlie Countryman nous a paru aussi long que son titre.
Pourtant, tout commençait bien. Une salle bien fournie pour un après-midi de semaine, un film acheté par un distributeur belge, une kyrielle d’acteurs connus (Shia Labeouf, Mads Mikkelsen et Til Schweiger) et surtout, des prostituées et de la drogue à Bucarest, que rêver de mieux ? Un bon réalisateur peut-être…
Et pour cause, le démarrage de ce long métrage a eu beaucoup de mal à imprégner les spectateurs. Un manquement qui ne sera jamais comblé par les arythmies successives que nous proposera par la suite l’histoire. Celle-ci, construite tel un patchwork de saynètes théâtralisées, manquera irrémédiablement d’entrain à un point tel qu’il sera difficile de suivre le film sans entacher la redingote du voisin de notre bave gouleyante.
Pourtant, l’idée n’était pas insensée et paraissait de surcroit originale. Les frasques et les dialogues – dont un certain « tu dois être le roi de la pipe ici !? » – sont succulents à souhaits. Raison probable pour laquelle, Charlie Countryman (parce l’écrire plus de deux fois en entier, c’est pénible) a été nommé dans de prestigieuses compétitions comme à la Berlinale 2013 ou encore le festival Sundance 2013.
Hormis ces passages drolatiques, nous nous sommes pris au jeu, non pas du film mais bien du placement produit. Ceci sonne évidemment comme un hommage à la précédente carrière du cinéaste Frederik Bond, la réalisation publicitaire. Et on peut dire que l’homme maitrise son sujet puisqu’il est arrivé à nous placer plus d’une douzaine de produits (iPhone, Coca-Cola, Pepsi, H&M, Xerox, Guinness, Nike, Martini,…) et ce, dans des ruelles malfamées de Roumanie. Belle prouesse !
Bref, le premier long métrage de Frederik Bond est truffé de bonnes intentions et de phrases assassines, mais il laisse les spectateurs survoler une histoire trop absconse et trop marginale.
Petite anecdote, Shia LaBeouf aurait pris du LSD pendant le tournage pour paraître réellement drogué. Vivement le jour où il incarnera Jack Dawson dans le remake de Titanic.
Ragnarok de Max Manus
Après la première bizzarerie et le placement de produit de mon collègue (j’espère qu’on aura autant d’argent de Bond pour ça !), on avait bon espoir en ce film norvégien pour ado qui sentait bon les références spielbergiennes.
Dès les premières images, on se rassure sur le fait que rien qu’à l’image on perçoit qu’il y a un budget derrière et que l’on aura pas affaire à un vulgaire téléfilm.
On y croise des vikings à la recherche d’un « Graal » et qui tombent sur un monstre inconnu. 1000 ans plus tard, Sigurd (nom pas choisi au hasard, c’est un héros légendaire de la mythologie scandinave), enquête sur un bateau-tombeau d’une jeune reine et ensuite sur une pierre d’époque qu’il considère comme un carte au trésor.
En deux temps trois mouvements, finis les vacances en Espagne, il emmènera ses enfants dans le Finnmark à la recherche de réponses à ce sujet. Accompagné d’Allan, son collègue, d’une jeune femme célibataire (ça tombe bien la sienne est morte) et d’un vieux roublard comme guide. Mais passé la cupidité de certains hommes, il s’avère que le bout de caillou n’était pas une carte mais une mise en garde …
Ce n’est évidemment pas le grand film d’aventure venu des USA mais le tout forme quand même un sympathique Direct-To-DVD d’aventure, cousu de fil blanc à la Disney mais pétri de qualités très étonnantes comme la beauté des plans du paysage, les décors d’ex-matériels russes ou encore tout simplement la beauté de la musique.
Seul gros bémol pour les cinéphiles que nous sommes : le copiage permanent des films de Spielberg. Que se soit pour l’archéologue incompris que pour les scènes avec le monstre préhistorique ! Ragnarok copiera même presque entièrement une séquence, s’inspirera du souffle épique de la musique de John Williams et copiera même certains cris de dinosaures pour sa bête.
On garde nos sièges et on enchaîne avec une histoire mystérieuse de robots qui s’annonce un peu comme une romance 2.0.
The Machine de Caradog W. James
Dans un monde rongé par la guerre froide, un scientifique et son assistante mettent au point la première machine possédant une conscience.
Caradog W. James est l’ovni de ce deuxième jour de festival. Avec un budget peut prometteur, il créé un film dont l’intrigue nous laisse sans voix. Une œuvre propice aux débats et qui, entre violence et poésie, nous embarque dans un monde de soldats estropiés, de cyborgs amoureux et d’humains sans cœur. La réalisation est aboutie et les images sont superbes. On appréciera également la présence de Toby Stephens (Severance) en scientifique n’ayant plus rien à perdre et de Caity Lotz (The Pact) en androïde sexy et innocente. On regrettera un peu le manque de cadence dans le deuxième tiers du film, faisant passer certaines scènes pour trop longue.
Bref, retenez son nom, Caradog W. James, car ce talentueux réalisateur vient de pondre une œuvre de science fiction comme on en trouve malheureusement peu de nos jours.
Un candidat sérieux pour la compétition européenne et, pourquoi pas ?, internationale.
Pendant que l’autre moitié de l’équipe se prend une pause, je continue dans la salle principale.
The Fives de Jeong Yeon-Shik
Eun-ah n’a plus rien. Laissée pour morte à coté du cadavre de son mari et de sa fille, elle se retrouve tétraplégique et rongée par l’envie de vengeance. Pour palier à son handicap (c’est sur que c’est pas en fauteuil roulant qu’on attrape les méchants), elle conclu un marché avec 4 personnes ayant un profil bien précis : le tueur contre les organes de Eun-ah.
Jeong Yeon-shik nous offre une intrigue qui, inspirée du webcomic populaire The 5ive Hearts, s’avère tout simplement géniale. Des images froides, une musique peut-être un tantinet trop présente, des acteurs justes et pourtant…
Trop de longueurs tuent la longueur. Long de deux heures, le film s’étire, s’essouffle et nous épuise. La dernière demi-heure est une suite de rebondissements aussi prévisibles que mal agencés, ce qui finit par nous lasser.
Une œuvre en demi-teinte, donc, qui souffre péniblement de cette fin interminable.
Wolf Creek 2 de Greg McLean
Direction la dernière séance (sans Eddy Mitchell) pour admirer le second volet de la saga australienne Wolf Creek. Les aficionados du BIFFF sont bien assis et prêts à en découdre avec le méchant boucher de l’outback, le dénommé Mike Taylor.
Pourtant, dès les premières minutes de bobine, on sent toute l’empathie du public à l’égard de cet homme un rien soupe au lait. De fait, les meurtres s’enchainent pour le plus grand plaisir des Bifffeurs tardifs qui n’hésitent pas à chantonner en coeur avec notre fier Mike. Il faut dire que le film a su jouer avec tous les codes du genre slasher pour nous offrir plus d’une heure et demi de trépanations, de dissections approximatives et de courses poursuites dignes des plus grands films hollywoodiens.
Et oui, Wolf Creek 2 est une tuerie, dans les deux sens du terme. Présentant un psychopathe nationaliste du bush australien, le film de Greg McLean a déridé une journée restée jusque là relativement calme visuellement parlant. Repoussant sans cesse les limites du gore et de l’absurde, ce récit est une réussite dans le cadre du BIFFF. Il faut, en outre, saluer la qualité des images qui est incontestable.
Reste une question qui est restée chez nous en suspend, qu’en ont réellement pensé les Australiens ? On se souvient de la phobie collective née avec la sortie de Jaws, en est-il dès lors de même avec ce film qui présente l’outback australien (cette petite étendue d’environ 6 millions de kilomètres carrés) comme un trou à… ah non, il n’y a même de rat en fait. Un désert infini où personne n’ose s’arrêter et où chaque année se perdent des milliers de personnes (si le générique le dit). Cela doit sacrément foutre les boules au mieux membré des aussies.
En résumé, Wolf Creek 2 nous a surpris et a ponctué de manière admirable la première journée du Suricate Magazine au BIFFF 2014. De bon augure pour les jours qui suivent. En attendant, nous sommes rentrés chez nous en chantonnant Tie me kangaroo down, sport, Tie me kangaroo down, Tan me hide when I’m dead, Fred, Tan me hide when I’m dead,…
Et demain y a quoi ?
Chaque jour après publication de l’article de la veille, nos spécialistes ès cinéma de genre (ou d’un certain genre de cinéma) tentent de vous conseiller ce qu’il va se passer le lendemain. Alors qu’ils le découvriront avec vous !
La journée et la nuit seront fort éclectiques, car on passera de l’Inde à la France, en passant par la Scandinavie, Hong-Kong ou encore la Serbie.
A la une, on souhaite de belles promesses de la part du nouveau film de Nick Cassavetes (fils de John) : Yellow, on attend de voir Beatrice Dalle se faire tro(a)ncher dans Aux Yeux des Vivants des réalisateurs qui était déjà à la base d’À l’intérieur, on est curieux des deux films indiens dont Go Goa Done, premier film de zombies du pays et bien sûr le très attendu Dead Snow 2 et ses zombies nazis !
Mais il ne faut pas pour autant oublier Nymph, la peloche serbe, The Incredible Truth d’Hong Kong, un film SF prometteur (OXV : The Manual) ou encore Patch Town, un film avec des jouets au Canada.
A DEMAIN ! (ou trois pieds)
Loïc Smars, Matthieu Matthys, Roxane De Quirini