Sauf si vous vivez au fond de votre petite grotte, vous n’avez pas pu passer à côté de cette triste information : Demis Roussos nous a quitté ce 24 janvier à l’age de 68 ans. Plutôt que de vous retracer sa vie, ce que vous pourrez faire facilement en lisant Wikipedia, nous avons décidé de lui rendre hommage d’une autre façon, en vous présentant une de ses œuvres les plus intéressantes mais surtout les plus controversées : l’album 666
Pour beaucoup, Demis Roussos rimait avec chansons mielleuses et pilosité abondante. Mais ce que le public oublie souvent, c’est que Demis avait fait partie, en compagnie du célèbre Vangelis, d’un groupe de rock nommé Aphrodite’s Child.
Ensemble, ils connurent de nombreux succès fin des années 60, comme les chansons It’s five O’ Clock, I Want to live ou encore Rain and Tears. L’aventure ne fut pas bien longue et le groupe se sépara après seulement trois albums. C’est justement du dernier disque intitulé simplement 666 dont nous allons vous parler. Fort différent de ses deux prédécesseurs, il est considéré par les amateurs de rock progressif ou psychédélique comme un véritable chef d’œuvre.
Retournons 45 ans en arrière. Après le succès des deux premiers albums du groupe, Vangelis , principal compositeur d’Aphrodite’s Child se met à penser à un album radicalement différent. En effet, en 1970, le monde est frappé par une succession de catastrophes et de déclenchements de guerres. Vangelis ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre ces évènements et la fin du monde décrite dans l’Apocalypse selon Saint Jean qu’il est justement en train de relire. L’idée lui vient alors d’écrire un concept album sur le sujet.
Ironiquement, ce n’est pas la fin du monde que provoqua la sortie de l’album, mais bien la fin d’Aphrodite’s Child, dont les autres membres, Demis Roussos en tête, auraient préféré s’en tenir au style plus pop que le groupe pratiquait auparavant.
666, le chiffre du diable comme vous le savez tous, dégage une atmosphère très particulière, collant à merveille au sujet de l’opus. Chaque morceau contribue à cette ambiance globale, tout en ayant chacun une ambiance bien particulière. Mélange de jazz, de rock à la limite du hard rock, de musique psychédélique, de musique traditionnelle ancestrale, de pop, de musique expérimentale, de musique érotique même, on pourrait qualifier son contenu de joyeux foutoir apocalyptique. Des titres plus accessibles et magnifiques comme Babylon, The Lamb ou le mythique The Four Horsemen y côtoient de longs morceaux complètements barrés et destructeurs. Au final, cet album ne peut laisser indifférent, tant il dégage une atmosphère à la fois lourde et mystique.
Pour en revenir à Demis Roussos, il est assez peu présent au chant sur 666, laissant sa place à de multiples autres chanteurs/narrateurs tout au long de l’album. Il se concentre plutôt sur son jeu de basse. Les mauvaises langues diront qu’au moment de l’enregistrement de l’opus, sa tête est déjà complètement ailleurs, prêt à se lancer dans une carrière solo.
La sortie du double album se fit dans la douleur. Entre la séparation du groupe, les réserves émises par le label concernant le contenu de l’album et la censure qui frappa le disque dans de nombreux pays à cause de ces références au satanisme, rien ne fut épargné à ce 666. Aujourd’hui encore, un drôle de paradoxe le frappe. Si il est uniquement reconnu et apprécié par une population assez faible de mélomanes, il est pourtant l’un des albums les mieux vendus de l’histoire du rock progressif. Certains chiffres parlent même de 20 millions d’albums écoulés à travers le monde, ce qui semble tout de même assez exagéré.
Même si son rôle dans la création de cette œuvre reste assez minime, on ne peut que remercier Demis Roussos pour sa participation à ce disque complètement unique dans l’histoire du rock.
Salut l’artiste, on ne t’oubliera pas.