auteur : Emily Schultz
éditions : Asphalte
sortie : janvier 2015
genre : anticipation
Une étrange épidémie s’abat sur les Etats-Unis : la Furie blonde. Les femmes aux cheveux blonds se voient prises d’accès de rage d’une violence inouïe qu’elles dirigent contre les autres et contre elles-mêmes. Dans ce climat anxiogène et suspicieux, Hazel Hayes, jeune boursière d’origine canadienne, entreprend de faire le récit de son histoire depuis le début de la contagion à l’enfant qu’elle porte. De New-York à Toronto, Hazel est le témoin de cette folie meurtrière qui l’obligera à fuir sans cesse dans un seul et unique but : survivre. La solution se trouvera-t-elle au bout du voyage ?…
Dans cette histoire aux allures de roman post-apocalyptique, Emily Schultz nous plonge dans une atmosphère pour le moins inquiétante, il n’y a pas d’autre mot. Tout est calme. Tout est normal Quand tout à coup, une femme mord une adolescente et la jette sur les rails du métro, ailleurs une fillette tout ce qu’il y a de plus mignon déchiquette un homme par la seule force de ses quenottes pendant qu’une hôtesse de l’air scalpe une gentille mamy. L’auteure réussirait presque à faire perdre son sang-froid au lecteur qui attend le métro dans la foule ou pire encore à lui faire faire une crise de panique à la seule vue de Candy. Que les âmes sensibles se rassurent cependant : pas de scènes gores. Quelques gouttes d’hémoglobine de-ci de-là pour agrémenter le récit, rien de plus.
Il est à souligner qu’Emily Schultz analyse très finement le comportement de l’Homme face à la peur. Lorsqu’on parcourt les premiers chapitres, ces quelques blondes sanguinaires et anonymes qui commettent les premières attaques apparaissent comme des êtres fous dangereux. Puis le public, apeuré par le virus de cette Furie blonde qui se propage, étend ce précepte à toutes les blondes qui deviennent des tueuses potentielles. La haine s’installe alors sournoisement à l’encontre de toute une communauté. C’est alors que l’auteure détourne l’attention du lecteur en le faisant suivre les aventures de la blonde Hazel, une jeune femme qui ne comprend plus le monde dans lequel elle vit et tente de survivre dans une société à la dérive. A ce moment, on ouvre les yeux sur cette réalité : même si le virus ne s’est pas déclaré chez elles, les femmes blondes sont fuies comme la peste et traquées du simple fait de la couleur de leurs cheveux. On les parque dans des salles lugubres, on les rase, on les maltraite, on les injurie… Une piqûre de rappel d’un sombre pan de notre Histoire par la plume d’Emily Schultz peut-être…
Quant à l’héroïne, Hazel, elle n’est pas spécialement charismatique, mais à l’instar de tous les personnages féminins de ce roman, elle en a dans le pantalon. Les femmes sont suspectées (et comme les brunes ne comptent pas pour des prunes, elles auront elles aussi, dans une moindre mesure, leur part d’humiliation dans cette chasse à la blondeur) et ne devront compter que sur la ruse et la détermination de s’en sortir pour ne pas finir enfermées à attendre la mort dans des espaces confinés.
Petit bémol cependant, car si la base du livre est originale, l’intrigue aurait pu l’être davantage pour que cette furibonde Furie blonde emporte tout sur son passage.