De Simon Stephens, mise en scène de Olivier Coyette, avec Grigory Collomb, Fanny Donckels, Timothy Fildes, Olivia Harkay, Arthur Oudar/ Clément Goethals, Violette Pallaro, Flavia Papadaniel, Jérémie Petrus
Du 13 janvier au 7 février 2015 à 20h30 au Théâtre de Poche
Trop nombreux sont ces cas de dérive adolescente qui, poussée par le trop plein de maltraitance, mène au pire. On pensera notamment à la tuerie de Colombine reprise avec une véracité glaçante dans l’adaptation cinématographique Elephant de Gus Van Sant. Ce thème de la violence à l’école et ces exemples innombrables de gosses paumés qu’on martyrise aux yeux de tous sont exposés en profondeur dans la pièce Punk Rock. Son auteur, le britannique Simon Stephens, à travers un texte fort et drôle, appuie là où ça fait mal : au cœur même des plaies des boucs émissaires que les plus forts spolient et tabassent, ridiculisent et enlisent dans une normalité torturée. Ce texte, c’est la parole anonyme qui s’en empare et qui souhaite déguiser la vraie vie pour en faire une échappatoire jusqu’à commettre l’irréversible. William s’invente une histoire familiale pour séduire Lilly, la nouvelle, alors que Bennett, la brute qui ne tient pas en place joue au dominateur avec Chadwick, le petit génie passionné d’astrophysique pour épater sa petite amie Cissy, que Tanja rêve d’épouser son prof d’Anglais et que Nicholas sculpte son corps à coups de muscu. Tous sont à l’école ensemble et connaissent le même quotidien : les amourettes qu’on fantasme, la gêne et l’enjeu liés au fait d’exister parmi les autres, la question du faire-valoir et de ce qu’il faut accepter pour survivre au sein du groupe.
La mise en scène est, dans cette pièce, minimaliste et intéressante, reprenant les codes de la simplicité équivoque. Des interludes musicaux apportent des touches visuelles et animées très rafraîchissantes, le tout teinté de punk rock, bien sûr, comme un symbole musical de la révolte juvénile. Toutefois, certaines longueurs gâchent un peu le beau travail de préparation mené par les comédiens. Il y a de la maîtrise dans leur interprétation mais les mots sont parfois trop nombreux pour illustrer l’histoire. Une pièce à voir avec ses enfants, ses neveux, ses élèves afin de tenter de comprendre, ensemble, comment la violence prend parfois ses aises dans les bras de l’institution scolaire.
Note : 3/5