scénario : Jérôme Charyn
dessin : François Boucq
éditions : Le Lombard
sortie : novembre 2014
genre : aventure, polar
Rassurez-vous, même si son titre pourrait porter à confusion, Little Tulip n’est pas le dernier tome d’un conte fleur bleue garnissant les étagères de votre petite nièce fan des One Direction. Bien au contraire ! Little Tulip raconte l’histoire très sombre du jeune Pavel et de sa survie dans l’enfer des Goulags soviétiques. Sous l’emprise des mafieux russes, Pavel va devoir se faire un nom pour espérer s’en sortir. Grâce à son don pour le dessin, le jeune homme deviendra tatoueur et parviendra ainsi à s’assurer la protection de Kiril la Baleine, le plus cruel des caïds.
25 ans après Bouche du diable et La femme du magicien, François Boucq et Jerome Charyn sont de retour avec ce nouvel ouvrage, sombre et violent à souhait. Mais le duo, aussi rare que talentueux, est-il parvenu à garder la main après toutes ces années ? Eh bien, c’est un grand OUI !
D’un côté, nous avons un scénario puissant et un sens de la narration rare.
Avec une extrême dextérité, Jerome Charyn parvient à balader le lecteur avec fluidité entre l’enquête contemporaine à New-York et l’histoire en flash-back dans la Russie communiste. Pleins de subtilités et de rebondissements, le récit est captivant du début à la fin. Si bien, qu’on se plait à penser qu’une adaptation cinématographique ne serait pas une mauvaise idée. Sur fond de vengeance et d’univers sanglant, Quentin Tarantino serait sans conteste notre homme.
De l’autre, nous avons un dessin époustouflant. L’histoire a été le cadre idéal pour François Boucq, qui a ainsi pu favoriser les cases panoramiques afin de planter des décors somptueux. Indéniablement, ce dessinateur de génie est capable de transformer des scènes anodines en de véritables œuvres picturales. De plus, Boucq parvient avec une grande maitrise à transmettre les émotions de ses personnages avec force et intensité.
Mais ce qui fait la réussite du duo Boucq et Charyn, c’est cette complicité et cette alchimie que les deux auteurs ont réussi à tisser au fil des années. Contrairement à certaines bandes dessinées, leurs dessins et leurs scénarios se valent tous deux en qualité et, à aucun moment, l’un n’est relayé au second plan.
Avec Little Tulip, les deux hommes offrent une véritable déclaration d’amour au dessin, et permet de prouver une fois encore que le tandem fonctionne à merveille. Si Jacques Brel chante que les fleurs sont périssables, Little Tulip, lui, ne pourra que perdurer.