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    [BIFFF 2025 Jour 9] : Une partie de Pacman qui tourne mal, un film dans une voiture, des enflures d’artistes et l’histoire de Gérard le Suricate Psychopathe

    En solidarité avec les BIFFFEURS comme nous qui n’ont plus vu la lueur du jour et le soleil depuis le début du festival, le BIFFF avait décidé de mettre cette journée de mercredi sous la thématique du huis-clos. Entre une salle de contrôle, une voiture et une réalité alternative créée par intelligence artificielle, nos héros se sont retrouvés enfermés dans des environnements extérieurs mais aussi intérieurs. Car comme le disait le philosophe Mattheus Del Matthissimo, « La prison de ton esprit n’est rien face à la prison que tes yeux enferment. »

    The Son : scénario en Intelligence Artificielle et l’histoire de Gérard, le Suricate Psychopathe

    S’il y a bien une thématique à la mode pour les films d’horreur, les thrillers les films de science-fiction ces derniers mois, c’est celle de l’intelligence artificielle. Et The Son n’échappe pas à la règle. Acteur connu et coqueluche des coréens, Kang Taehwan est aussi un alcolo fini. Peut-on l’en blâmer ? Je ne le ferai pas. Après un accident louche, il se trouve mêlé à un projet expérimental de la police de Séoul pour élucider les crimes grâce à des scénarios faits en intelligence artificielle. Alors autant vous le dire tout de suite, The Son n’est pas un mauvais film, loin de là, mais il ne restera pas mémorable non plus. Les acteurs jouent bien, le scénario tient la route, l’intrigue se déroule sans accroc. Mais il manque une petite touche. Un peu comme si le film avait été fait…par une intelligence artificielle (musique stressante !). Et ça nous a inspiré au Suricate. Pourquoi ne pas faire aussi notre propre film au BIFFF ? Problème : après une semaine et demi de festival nos cerveaux fonctionnent à 0,3% de leurs capacités et notre inspiration est aussi absente que Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2027. Si seulement il existait un outil magique qui nous permettait de générer des histoires totalement inventées facilement et avec une inspiration illimitée…

    Mesdames et messieurs, en avant-première mondiale, les aventures de Gérard le Suricate au BIFFF :

    Gérard, un suricate échappé (on ne sait comment) du pavillon « faune alternative » du Jardin Botanique, débarque par accident au BIFFF. Petit, nerveux, curieux comme une vieille dame devant un gangbang de tentacules, il se faufile dans les couloirs du festoche, entre un sosie d’Elvira, une troupe de cosplayers bourrés et un vendeur de hot-dogs zombies.

    Erreur fatale. Il se retrouve coincé dans la salle 3, en pleine projection expérimentale : « Les Viscères du Temps » — un found footage slovaque où des moines radioactifs vomissent des larves conscientes. Gérard panique. Il hurle. Le public pense à une perf’ interactive. Il est acclamé.

    Mais là où ça dégénère, c’est quand une larve mutante (un vrai animatronique foireux) décide de lui sauter à la gorge. Gérard riposte. Il mord. Il déchire. Il saccage. Il saigne.

    Applaudissements. Standing ovation. Le jury pense à une allégorie de la lutte des classes. Gérard est sacré « Meilleur espoir non-humain ». Depuis, il tourne une trilogie avec Tsui Hark et dort dans un cercueil sponsorisé par Red Bull.

    Moralité : au BIFFF, même les suricates peuvent devenir des légendes. Ou des psychopathes. Parfois les deux.

    Le Suricate est prêt à discuter avec tout éventuel producteur et réalisateur pour porter l’histoire de Gérard le Suricate à l’écran. BIFFF, NOUS VOILA !!! O.E.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : Gérard le Suricate psychopathe.

    Una ballena : Chronique d’une baleine échouée.

    Ingrid est une tueuse à gages des plus redoutable, silencieuse, elle tue puis disparaît sans laisser de traces. Son petit secret ? Une rencontre dans sa jeunesse avec une étrange créature mi-baleine, mi-pieuvre, mi-blob, mi-clitoris qui lui a donné le pouvoir de traverser les dimensions. Elle tue puis elle s’évade dans un noir abyssal et chaque voyage lui fait perdre un peu de son humanité ainsi qu’un liquide blanc laiteux visqueux qu’elle récolte dans une malle en métal. Elle est recrutée par un contrebandier du port puis faire tuer son rival. Et son rival la recrute pour tuer le contrebandier.

    Coincée entre deux missions, son rapport à l’autre dimension s’étiole et son humanité aussi.

    La photographie est magnifique. Des tons gris, froids qui baignent tout le film et les passages dans l’autre dimension sont d’une lenteur hypnotique. Hélas, ces moments sont rares. Au lieu de s’attarder sur cette guerre de contrebandier, il aurait fallu nourrir cette dimension et le lien entre la Créature et Ingrid. Cette dernière tout en noir, lisse, insaisissable, trop même. Soit on nous donne un petit truc à nous mettre dans le cœur pour s’accrocher au personnage, soit on nous le rend si éloigné qu’il en devient fascinant. Ingrid n’est ni le premier ni le deuxième cas. Quant aux autres personnages, n’en parlons pas, vraiment pas, il n’y a rien à tirer. 

    Le voici, le tant attendu film qui déçoit. Celui de qui on dit qu’il avait le potentiel. Una ballena, c’est un diamant brut qu’on a très très mal taillé. En 2023, c’était The Outwaters qui avait attisé ma colère et ma déception. Ici, ce ne sera que de la déception. Celle qu’on ressent devant la sextape d’Olivier Eggermont par exemple. Sûrement du potentiel, mais mal montée. E.K.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : Cthulhu sous Xanax.

    Hallow Road : nous voilà de retour dans la voiture

    Tiens, ça te dit d’aller voir le dernier film de Babak Anvari, le réalisateur de Under the Shadow ? AAAAAAH. C’est une histoire qui se passe entièrement dans une voiture pendant 1h20. OOOOOOH. Oui mais le film a été décrit par la presse internationale comme l’un des films les plus éprouvants de 2025 ! AAAAAAH. Pendant que les deux parents sont dans la voiture, il arrive des trucs incroyables à leur fille qui a renversé quelqu’un mais on ne voit jamais rien de tout cela. OOOOOOH. Mais il y a Rosamund Pike dedans qui joue Gone Girl, Johnny English le Retour, Le dernier Pub avant la fin du Monde. AAAAAAH. La Colère des Titans, Jack Reacher. OOOOOOH.

    Vous l’avez compris, dans Hallow Road, il y a des AAAAAAH et des OOOOOOH. Heureusement, ce sont les AAAAAAH qui l’emportent largement. Il faut dire que d’emblée, l’idée de faire un film dans la perspective des deux personnages qui ne font pas partie de l’action racontée par le film intrigue. Mais si c’était la seule ficelle de Hallow Road, ça ne tiendrait pas la route très longtemps. Heureusement, le talent du réalisateur prend très vite le relais pour nous proposer une production haletante et extrêmement bien ficelée. Un film intelligent et magnifiquement réalisé malgré quelques passages déstabilisants au niveau visuel, surtout dans les perspectives sur la route quand la voiture roule. Mais cela ne perturbe pas trop l’expérience cinématographique qualitative que Babak Anvari nous propose. Le tout avec un mystère final en toile de fond que nous n’allons pas vous spoiler ici. Une proposition originale et innovante pour celui qui réalisera le prochain Cloverfield et ça, on aime ! O.E.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : un pneu de voiture Pirelli Cinturato All Season Plus 225/45 R17 94W.

    Control Room : Pacman à la sauce espagnole

    On sort à peine d’Hallow Road où le film se passait essentiellement au téléphone pour enchaîner avec un concept plus ou moins similaire, mais cette fois dans l’espace. Olivia, qui a vécu un traumatisme 20 ans auparavant en perdant ses parents, est maintenant employée de la salle de contrôle d’une colonie minière et doit faire en sorte que tout se passe bien et que son collègue respecte les protocoles, les protocoles et encore les protocoles. Alors quand des aliens transparents attaquent, les protocoles (c’est rigolo comme mot, non ?) c’est ce qu’il y a de plus important et les émotions c’est ce qu’il nous fait mourir. Mais peut-être qu’elle tient plus à ces gens qu’elle ne le pensait ? Scénarisé par un belge fan du BIFFF (!), Julien Deladrière, Control Room débute de manière plutôt maline. L’image est pas dégueulasse et comme dans tout bon film de genre, les monstres sont cachés et dévoilés petit à petit. Pour cela, on suit chaque habitant de cette colonie sur un écran de contrôle tel un Pacman mais où les points disparaissent à mesure que les aliens investissent les salles et attaquent les humains. Si toute cette partie est plutôt réussie, la fin développe malheureusement des incohérences qui plombent un peu le plaisir (un pistolet à clou qui ne sert à rien mais devient efficace quand l’héroïne en a besoin, une explosion qui tue le méchant mais pas l’héroïne, etc.). Mais malgré tout ça, on relancerait bien une partie… L.S.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : un pacman horrifique.

    Commission : GLB, aurait-il raison ? Les artistes sont des enflures ?

    Dan-kyeong dessine bien, cependant ce qu’elle veut, elle, c’est être un génie et faire des webtoons, comme sa célèbre sœur qui est du gotha. C’est pleine de frustration qu’elle va faire son premier mauvais choix ; une commission (une commande de dessin) sur le darkweb, lieu où on ne demande pas de nous dessiner des moutons. Une première commission puis une autre et encore une autre et Dan-kyeong, grisée par la célébrité qu’elle acquière sur ce site des enfers n’arrive plus à arrêter. Le souffle de confiance qu’elle se prend sur le darkweb se répercute sur sa vie professionnelle et personnelle. Et comme on dit, trop de confiance mène à la violence et au meurtre.

    Sauf un manque de giclée de sang, on ne manque pas d’un rythme bien soutenu et de personnages qui remplissent l’écran avec brio. Une jolie construction de personnages nuancés et attachants avec un soin apporté à l’histoire pour ne pas nous prendre un uppercut de manichéisme. 

    Appréciable aussi, les réflexions fortes amenées autour des sacrifices faits pour la création et les frustrations que cela engendre. Mention très spéciale au tueur qui avait le faciès halluciné et habité et qui a hanté un peu ma nuit. En conclusion, Commission régale. E.K.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : un tentacule hors champ.

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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