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    Ils tentèrent de fuir au Théâtre de la Vie

    Ecriture et mise en scène de Soufian El Boubsi, Joachim Olender, avec Nathalie Mellinger, Pierre Verplancken

    Du 7 au 17 janvier 2015 à 20h30 au Théâtre de la Vie

    En 1965, dans Les Choses, Georges Perec dressait le tableau d’une génération submergée par la vague consumériste qui s’était abattue sur la jeunesse ; comment de nouveaux idéaux construits sur le vent du futile s’étaient bâtis, entraînant en leur sein une vision d’accès suprême à une richesse nouvelle. Parler de cette époque, c’est aussi parler de la nôtre, au cœur d’une vision globalisante qui vise la consommation de masse. C’est ainsi que le texte co-écrit et mis en scène par Soufian El Boubsi et Joachim Olender présente les choses. Et c’est assez troublant, du haut des gradins du Théâtre de la Vie, de se reconnaître à ce point dans le vécu commun des deux personnages. Sur scène, un couple, un homme et une femme qui conçoivent et construisent ensemble la vie rêvée : le lieu parfait pour vivre, avec toutes ses choses à l’intérieur, le plaisir que l’on confond avec le loisir, le constat implacable que l’on y applique. Entre les scènes du quotidien, s’intercalent des instants d’étude et de réflexion sur le texte de Pérec, sur ce qu’il décrivait de sa propre expérience, de ses propres aspirations superficielles.

    On soulignera surtout, dans ce spectacle, une scénographie percutante, jonglant entre décor matériel et projections sur écran géant. Une fois de plus, la magie du Théâtre de la Vie sublime le message. La performance des deux comédiens – Nathalie Mellinger et Pierre Verplancken – est à saluer également et notamment pour l’accord parfait qui s’opère entre leurs deux voix. Ils tentèrent de fuir dresse le constat d’hier et d’aujourd’hui, de ce vers quoi nous sommes tous happés : l’idéalisation d’une manière de vivre, d’une quête. Et lorsque la pièce a été jouée pour la première, en ce soir mémorable du 7 janvier 2015, il est certain que, du haut des gradins du Théâtre de la Vie, tous avaient en bouche un certain goût amer sur ce qui est futile et ce qui ne l’est pas.

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