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    BFF : Melody de Bernard Bellefroid

    Melody

    de Bernard Bellefroid

    Drame

    Avec Rachel Blake et Lucie Debay

    Sortie le 11 ou 18 mars 2015

    Une plongée totale sur une femme qui dort en position fœtale, un plan sur son ventre puis un troisième sur sa tête : premières images de Melody qui synthétisent et racontent en quelques secondes le propos du film de Bernard Bellefroid.

    Pour réaliser son rêve d’ouvrir un salon de coiffure, Melody décide de devenir mère porteuse. Elle poste une annonce sur un site spécifique et obtient une réponse positive d’Emily, une riche femme dans la quarantaine qui cherche une jeune pour porter son enfant en échange d’une somme d’argent considérable. Une fois l’insémination artificielle réalisée, Emily découvre chez le gynécologue que Melody lui avait menti en lui disant qu’elle avait déjà eu une fille. Pour pouvoir garder sa confiance en elle et s’assurer qu’elle ne va pas s’enfuir avec son enfant, Emily propose à Melody de déménager chez elle. Une relation se noue alors entre les deux femmes jusqu’au déclenchement d’un incident qui va tout bouleverser.

    Bellefroid couvre la thématique de la maternité sous tous les angles. En fait, il construit ses personnages dans le but de l’aborder. Melody a été abandonnée par sa mère quand elle était petite, ce qui complexifie son sentiment d’abandon envers l’enfant qu’elle porte et pousse plus loin sa recherche émotionnelle d’une mère pour prendre soin d’elle. Emily, quant à elle, a perdu un enfant à cause d’un cancer duquel elle pense être guérie. Ainsi se tisse entre les deux femmes une relation mère/fille qui comble le manque de chacune d’elles.

    Le scénario, se concentrant sur la relation entre les deux femmes, manque de personnages masculins surtout dans la veine réaliste à laquelle il souhaite appartenir. Celui du frère d’Emily, le seul qui aurait pu être développé, ne l’est malheureusement pas et n’apparaît que dans une seule scène.

    Rachel Blake et Lucie Debay défendent leurs personnages avec un jeu touchant qui, par sa subtilité et sa simplicité, arrive à créer l’émotion sans tomber dans un excès mélodramatique. Un plan sur le visage hésitant de Lucie Debay ou un gémissement de douleur émis par Rachel Blake en disent beaucoup plus que toutes les trames du scénario. Les deux ont d’ailleurs gagné le prix de meilleures actrices au Festival du Film du Monde de Montréal.

    Melody n’est construit sur aucun langage cinématographique propre à lui-même. Autre que la caméra portée qui suit les acteurs, la réalisation ne tient pas debout. À des moments, il semble que Bellefroid ne désire que faire pleurer ses spectateurs aux dépens d’une recherche plus complexe dans la constriction de son film.

    Malgré certains défauts, Melody reste un film touchant qui reflète une thématique sociale et humaine contemporaine et qui vous transporte dans un autre monde pendant une heure et demie.

    Patrick Tass
    Patrick Tass
    Journaliste du Suricate Magazine

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