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    Berlin, été 42 : au cœur de la romance et du risque

    Hans et Hilde s’aiment à la folie. Ils se rencontrent dans la tourmente de la guerre, à Berlin, dans la chaleur de l’été 1942. Alors que chacun mène des activités de résistance, l’effervescence de leur amour et de ce bel été glisse précipitamment vers une pente glaçante. Hans est reconnu coupable de trahison et de complotisme contre le Troisième Reich, il est emprisonné. Quelque temps plus tard, Hilde, alors enceinte, est capturée par la Gestapo et se fait également incarcérer. La jeune femme donne naissance à un petit garçon en prison. Cet heureux évènement, au cœur du chaos, lui permet de trouver de l’espoir dans cette épreuve.

    Ce qui est frappant, dans cette réalisation, c’est l’absence totale ou presque, d’accompagnement musical. Dans un drame d’une telle intensité, contant le récit de deux amants frappés par l’instabilité de la guerre, on pourrait s’attendre à une mélodie répétitive. Un air de piano qui s’efforcerait de nous faire comprendre que chaque scène dotée de quelques notes est décisive, que ce soit dans l’évolution de l’histoire ou celle des personnages. Mais ce n’est pas le cas. La réalisation d’Andreas Dresen nous plonge dans la réalité, aussi difficile soit-elle. Si la bande originale d’un film est souvent un élément indispensable pour nous accompagner dans nos retranchements émotionnels, son absence peut également nous y conduire, nous plongeant davantage dans la compassion, mais aussi dans la lourdeur du contexte de l’époque.

    On note également l’absence du fil rouge classique dans la chronologie de l’histoire. La connexion singulière entre Hans et Hilde reste évidente, malgré les rebondissements qui leurs sont propres. Les allers-retours dans le temps permettent d’intensifier la curiosité du spectateur. Il y a comme un espoir qui persiste, qui ne cesse de briller, même dans la plus grande pénombre. En basculant régulièrement entre l’été et l’automne, on accède d’une part, aux souvenirs des amoureux. Dans un été qui semble sans fin, on aperçoit le coup de foudre instantané entre les deux personnages principaux. D’autre part, l’automne apporte l’amertume, celle de devoir se dire adieu et de garder en sa mémoire ces poignées de moments inoubliables. Il ne faut dès lors pas se laisser décourager par les premières minutes de visionnage, même si la lecture peut sembler complexe. Au fur et à mesure qu’on avance dans le récit, il s’éclaircit, même si, paradoxalement, il semble s’assombrir également. Ce qui peut faiblir l’intensité de cette histoire, certes hors du commun, est le temps qui lui est accordé. Il y a comme une volonté de faire durer quelque chose qu’on sait qui ne fera pas long feu.

    L’ensemble des thèmes abordé est significatif de l’époque à laquelle on est confronté. Dresen nous plonge dans un contexte carcéral où règne la peur. Hilde parvient à se faire une place au sein de la prison pour femmes dans laquelle elle parvient tout de même à partager des moments de complicité avec ses codétenues. De cet environnement hostile, la jeune femme exprime sa douceur au travers de la maternité, de l’amour et de la féminité. Mais cette histoire conte avant tout le deuil. Celui de l’autre et de soi-même. Des moments qui resteront gravés dans le passé, tout comme ceux qui ne pourront exister. Berlin, été 82 est un kaléidoscope avec ses parts d’ombres, qui flamboie de souvenirs colorés.

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    Berlin, été 42Réalisateur : Andreas DresenGenre : DrameActeurs et actrices : Liv Lisa Fries, Alexander Scheer, Emma BadingNationalité : AllemagneDate de sortie : 19 mars 2025 Hans et Hilde s’aiment à la folie. Ils se rencontrent dans la tourmente de la guerre, à Berlin, dans...Berlin, été 42 : au cœur de la romance et du risque