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    Timbuktu Renaissance et Kader Attia au BOZAR

    Timbuktu renaissance : 16 manuscrits originaux de Tombouctou exceptionnellement exposés au Palais des Baux-Arts.

    Le sel vient du nord, l’or vient du sud, et l’argent vient des pays de l’homme blanc, mais la parole de Dieu et les trésors de la sagesse ne se trouvent qu’à Tombouctou. Proverbe de l’Afrique de l’Ouest ou du Soudan. Le pillage et la destruction du patrimoine culturel et historique vont souvent de pair avec la guerre. En janvier 2012, la guerre éclata au Mali et Tombouctou est tombée aux mains des djihadistes en mars de la même année.

    Idéalement située à la croisée de rivières et d’axes commerciaux, cette ville a joui, à son apogée au XV ème et XVI ème siècle, de la réputation de centre islamique de savoir et de lieu phare de culture et de tolérance. Nombreux étaient les ouvrages et manuscrits précieux en circulation. L’ensemble des connaissances, concernant des thèmes allant de l’histoire de l’Afrique à la politique et au droit, en passant par les mathématiques et la chimie, a été conservé par ces écrits et diffusés.

    Jusqu’à l’éclatement du conflit, ceux-ci étaient répartis dans différentes bibliothèques familiales et dans des collections privées. Pendant la guerre, les djihadistes imposèrent une forme radicale de l’Islam et les richesses culturelles de la ville firent l’objet de destructions. Au péril de leur vie, un groupe de responsables de 32 bibliothèques familiales, menés par Kader Haidara parvint à transférer en secret la quasi-totalité du patrimoine à Bamako, capitale du Mali.

    timbuktu Reenaissance
    Man reading a manuscript on the roof of Djingareyber mosque.
    Courtesy of D Intl Savama DCI Gamma

    Dans cette disposition, BOZAR expose 16 manuscrits originaux parmi les plus représentatifs de Tombouctou, regroupant des textes à caractère scientifique, politique et juridique. Il convient de remarquer la modernité et le progressisme de leur message. A titre d’exemple : « Les tragédies sont dues aux divergences et au manque de tolérance. Gloire à Celui qui crée la grandeur à partir de la différence et fait régner la paix et la réconciliation. » (Citation d’El Hadj Omar tall (1797-1864)).
    L’exposition, très petite, mais dense par son contenu et par ce qu’elle représente est visible jusqu’au 22 février 2015 aux Beaux-Arts.

    Sont à noter les explications, les photographies et des extraits de films appuyant l’exposition. Et à propos d’extrait de film, on notera Timbuktu à voir au cinéma jusqu’au 30 décembre.

    Kader Attia, Continuum of Repair : The Light of Jacob’s Ladder

    L’installation que l’artiste franco-algérien Kader Attia présente aux Palais des Beaux-Arts procède d’une réflexion sur la tension entre la religion et la science. Son œuvre s’inspire du récit biblique de l’échelle de Jacob, l’échelle reliant la terre au ciel sur laquelle le patriarche Jacob a vu monter des anges aux cieux. C’est une installation gigantesque, une bibliothèque qui remplit la salle de haut en bas. En son centre, un cabinet des curiosités rempli d’étranges artefacts: d’anciens instruments scientifiques mais aussi des ouvrages d’écrivains, par exemple du philosophe Descartes et du biologiste Alfred Russel Wallace.

    Le visiteur peut escalader l’échelle attenante au cabinet et s’il regarde au plafond, le miroir qui y est accroché lui permettra de voir se refléter à l’infini la bibliothèque de la connaissance. Saisissant.

    Continuum of Repair - Stephen White
    Kader Attia Continuum of Repair: The Light of Jacob’s Ladder (2013)
    Photo credit: Stephen White

    Plus d’infos:
    BOZAR
    Exposition Timbuktu Renaissance jusqu’au 22 février prochain. Entrée gratuite.
    http://www.bozar.be/activity.php?id=15570

    Exposition Kader Attia jusqu’au 22 février prochain. Entrée gratuite.
    http://www.bozar.be/activity.php?id=15444

    Philippe Chapelle
    Philippe Chapelle
    Journaliste du Suricate Magazine

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