Photo d’illustration ©Didier Parsy
La semaine dernière, Les Jumeaux ont fait salle comble plusieurs soirs de suite au Koek’s Théâtre avec leur spectacle intitulé Duo(s). Dès lors, Steeven et Christopher reviendront dans la capitale le 31 mars au Centre Culturel d’Auderghem avec un autre spectacle : Ni l’un ni l’autre.
Découverts par le grand public via l’émission de Laurent Ruquier, On n’demande qu’à en rire, les deux frères se sont depuis installés comme des incontournables de la scène francophone.
Rencontre agréable avec les deux génies lillois.
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Comment vous est venue l’idée un jour de vous lancer dans l’humour ?
C’est inné en fait. Depuis tout petits, nous aimons jouer à deux dans tous les sens du terme. Enfants déjà, nous nous amusions à recopier les sketchs que nous pouvions voir à la télévision. Pierre Palmade et Michèle Laroque, Eric et Ramzi, etc.
Nous adorions la scène mais sans pour autant imaginer en faire un métier. Ce n’est que plus tard, pendant nos études, que nous nous sommes pris de passion pour le théâtre.
Vu vos parcours universitaires respectifs, l’un en journalisme et l’autre en droit, on ressent finalement peu de critique politique ou sociale dans vos sketchs, contrairement à de nombreux humoristes actuels…
Simplement parce que nous n’avons pas envie de nous positionner en tant qu’humoristes. Nous avons davantage opté pour une vision politique parodique et caricaturale. Évidemment, nous nous amusons des politiques et de leurs bourdes mais sans pour autant être dans la confrontation.
Puis, se moquer de Hollande, c’est tirer sur une ambulance. C’est une cible presque trop facile aujourd’hui.
Vous avez incarné les personnages de Dupont et Dupond dans l’émission de Laurent Ruquier. Aujourd’hui, on peut toujours ressentir cette présence sur scène. En quoi ces personnages vous inspirent-ils ?
À la télévision, nous avons incarné les Dupont à quatre reprises. En faisant cela, nous nous sommes rendus compte que les gens aimaient beaucoup ces personnages. Ils sont très drôles mais aussi très poétiques. Ils sont naïfs mais pas cons. Puis, ils sont physiquement amusants.
De plus, il y a tout le côté burlesque et l’imagerie du monde de la bande dessinée qui nous intéressent énormément.
Pour l’anecdote, quand nous étions petits, notre père nous appelait les Dupont et Dupond.
Dans un duo comique, il y a toujours un plus faible et un plus fort, un dominant et un dominé, ce n’est pas le cas chez vous bizarrement…
Effectivement, nous n’avons jamais utilisé cette image-là. C’est justement ce qui fait notre originalité.
Nous jouons davantage sur le ping pong verbal, et si l’un prend l’ascendant sur l’autre, nous intervertissons les rôles, histoire de brouiller les pistes. Cela permet d’avoir un spectacle très véloce et vivant.
Vous venez de faire plusieurs représentations au Koek’s Théâtre, un petit café-théâtre intimiste connu par pratiquement tous les humoristes contemporains comme étant un lieu très typique, où l’artiste est proche du public. Quelle est justement la relation que vous entretenez avec le public belge, et la Belgique de manière plus large ?
Déjà, nous sommes voisins puisque nous venons de Lille. En quelque sorte, les belges sont nos cousins. De plus, nous adorons jouer en Belgique car le public belge aime beaucoup l’univers assez absurde que nous pouvons avoir dans notre spectacle.
Alors, nous touchons un peu à la politique française, mais les belges la connaissent bien et la suivent beaucoup.
Concernant le Koek’s, nous y sommes revenus car nous connaissions bien la directrice du théâtre et que nous adorons nous produire dans des cafés-théâtres. Nous en avons fait énormément. Puis, il y a un bel engouement, toutes les dates étaient complètes.
C’est pour cette raison que vous revenez le 31 mars au Centre Culturel d’Auderghem avec un nouveau spectacle intitulé Ni l’un ni l’autre. Pouvez-vous nous en parler ?
Oui, tout à fait. Ce nouveau spectacle est un mix des deux précédents. Nous avons repris les meilleurs sketchs et nous les avons rythmés davantage avec notre metteuse en scène – qui est belge d’ailleurs – Marie-Pascale Osterrieth.
Nous l’avons créé en octobre à Paris et nous viendrons le présenter pour la première fois en Belgique le 31 mars.
Puisque c’est un mix, n’y aura-t-il dès lors plus de fil rouge ?
Si, justement. C’était une volonté de ne pas faire un puzzle avec des raccords moyens. Nous avons donc gardé le fil rouge du premier spectacle qui est celui de notre enfance, de la conception et de la naissance. Pour continuer notre histoire jusqu’à aujourd’hui.
À travers cela, nous avons inséré quelques sketchs avec des personnages tels que Fabrice Luchini, Jean-Pierre Bacri, François Hollande ou Nicolas Sarkozy.
Jean-Pierre Bacri que vous connaissez bien puisqu’il a co-écrit avec Agnès Jaoui Un air de famille, la première pièce de théâtre dans laquelle vous avez joué si je ne me trompe ?
Oui. C’était à Science-Po. Il y avait une section théâtrale et je souhaitais mettre en scène la pièce Un air de famille (NLDR : propos de Steeven).
Comme je ne trouvais pas de comédien pour incarner mon frère, j’ai pris Christopher. Nous nous sommes régalés. Bacri et Jaoui, c’est du théâtre moderne qui respecte néanmoins les codes du théâtre. C’est une vision très subtile des rapports humains.
Cette pièce nous a donné l’opportunité de jouer ensemble, ce que nous avons continué à faire par la suite. C’est d’ailleurs lors de la pièce suivante que nous nous sommes faits repérer par un metteur en scène. Il nous trouvait bons comédiens mais il ressentait surtout que le duo apportait quelque chose en plus.
Le théâtre, la scène humoristique et la télévision. Pensez-vous maintenant pouvoir vous diriger vers le cinéma ?
Pourquoi pas, mais nous allons d’abord repasser par la case théâtre.
Nous avons principalement fait du théâtre amateur avant de nous produire en spectacle. Nous avons donc l’envie de retourner au théâtre dans un cadre plus professionnel.
Que vous allez écrire ?
Nous ne le savons pas encore, même si nous avons envie d’écrire, ça c’est certain.
Après le cinéma, nous verrons bien.
Enfin, vu que vous avez participé à la deuxième saison de l’émission On n’demande qu’à en rire, avez-vous eu difficile de vous démarquer face aux autres humoristes déjà révélés par ce programme ?
Il est vrai que beaucoup d’humoristes ont participé à l’émission et ont été révélés par celle-ci. En particulier les vingt à trente pensionnaires.
Maintenant, nous pensons qu’un écrémage va se faire naturellement dans les cinq à dix prochaines années. À ce moment-là, nous verrons bien qui il restera. Ceux qui seront encore là seront les plus originaux, les plus bosseurs et les plus talentueux. En réunissant ces trois choses, il n’y a aucune raison de ne pas réussir.
Les quatre stars, les quatre fers de lance de l’émission sont Olivier de Benoist, Kev Adams, Arnaud Tsamère et Jérémy Ferrari. Après, il y a le deuxième chapeau dans lequel nous sommes et qui devra convaincre le public avec le temps.
Mais attention, certains candidats ont fait peu de passages dans On n’demande qu’à en rire et pourtant, leur spectacle cartonne dans les salles à Paris. Cela fonctionne dans les deux sens.
La vérité, c’est la scène.
Propos recueillis par Matthieu Matthys
Le spectacle des Jumeaux intitulé Ni l’un ni l’autre sera présenté le 31 mars 2015 au Centre Culturel d’Auderghem.