
Parthenope
Réalisateur : Paolo Sorrentino
Genre : Drame, Romance
Acteurs et actrices : Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman
Nationalité : Italie
Date de sortie : 12 mars 2025
Cela fait trois ans depuis la sortie en salles du dernier long-métrage de Paolo Sorrentino. La dernière fois, c’était en 2021 avec La Main de Dieu, un film qui, en mêlant grotesque, merveilleux et mythologique, avait ramené le réalisateur dans la Naples de son adolescence, en fête pour l’arrivée de Maradona, mais aussi marquée plus intimement par la mort prématurée de ses parents.
Ce retour avait été particulièrement réussi : après des années où ses films semblaient devenir une imitation d’eux-mêmes, comme Youth et les deux chapitres de Silvio et les autres, La Main de Dieu avait rompu avec cette tendance. L’œuvre racontait avec force et délicatesse une histoire biographique dramatique et créait un univers qui, tout en conservant certains traits stylistiques caractéristiques du réalisateur, tels que les personnages oniriques et les images somptueuses, parvenait à captiver profondément le spectateur en entrelaçant le personnel et le collectif.
Quatre ans plus tard, Parthenope confirme ce succès. Le dixième long-métrage de Sorrentino, sorti en salles le 12 mars, révèle en effet une maturité désormais bien établie, équilibrant style et récit, et proposant une odyssée personnelle à Naples. De sa naissance mythologique dans les eaux du golfe en 1950 à la victoire du Napoli en 2023, le film suit l’odyssée de Parthenope, interprétée par la débutante Celeste Della Porta.
Naples y est encore plus présente que dans le film précédent et se dévoile à travers le regard de Parthenope, qui la parcourt sous toutes ses facettes : de la petite bourgeoisie décadente en vacances à Capri, aux bas-fonds des Quartiers Espagnols, en passant par les milieux criminels et la ritualité propre à la Camorra, jusqu’au sublime magique de Saint-Janvier, qui incarne, selon Sorrentino, à la fois la ville et la sirène dont elle porte le nom mythologique : un équilibre fragile entre miracle et fraude.
Le lien entre la ville et la protagoniste ne se limite pas à leur nom : toutes deux anthropologues, fascinées par la diversité et les multiples facettes humaines, elles se rapprochent d’une pléthore de personnages qui les aiment et les vénèrent : le jeune Sandrino, interprété par Dario Aita, l’écrivain âgé (Gary Oldman), le frère Raimondo (Daniele Rienzo), le professeur Marotta, figure virgilienne de l’épopée de la protagoniste, interprété par Silvio Orlando, l’évêque séduisant (Peppe Lanzetta). Et cela, parce que, tout comme la ville dont elle porte le nom, Parthenope incarne la mélancolie, la contradiction, l’insouciance, mais surtout le mystère d’une beauté en perpétuelle mutation. À travers le deuil personnel qui marque la fin d’un été baroque et insouciant, une carrière d’actrice ratée, ponctuée par les personnages caricaturaux d’Isabella Ferrari et de Luisa Ranieri — cette dernière semblant presque une parodie de Sophia Loren —, le choléra, les émeutes des années de plomb, le tremblement de terre de 1980 et la victoire du Napoli en championnat, Parthenope évolue et apprend, suivant l’enseignement de son professeur, à voir les autres ainsi que son propre reflet.
Le film, tout comme l’histoire de Parthenope, se résume parfaitement dans les mots de Stefania Sandrelli, qui incarne la protagoniste vieillie : « J’ai été triste et frivole, déterminée et apathique. Comme Naples. » Plus que tout autre, c’est avec ce film que Sorrentino nous invite non pas à trouver des réponses, mais à nous poser des questions, à travers son caractéristique double niveau narratif : à la fois réel et mythologique, existant et fuyant. En suivant ce parcours, Paolo Sorrentino nous mène à la découverte d’une beauté qui « est comme la guerre : elle ouvre des portes. »