L’Espion de Dieu
Réalisateur : Todd Komarnicki
Genre : Biopic, Historique, Espionnage, Thriller
Acteurs et actrices : Jonas Dassler, Flula Borg, David Jonsson
Nationalité : Grande-Bretagne, Belgique
Date de sortie : 22 janvier 2025
Deux ans après la fin de son tournage ayant pris place aux quatre coins de la Belgique, L’Espion de Dieu arrive enfin sur nos écrans !
Consacré à l’histoire vraie du pasteur luthérien Dietrich Bonhoeffer (1906-1945), L’Espion de Dieu nous entraîne au cœur de l’Allemagne nazie, alors que les vagues d’antisémitisme se multiplieront à mesure de l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler. Une fois la guerre arrivée et le massacre des Juifs de plus en plus systématique, Bonhoeffer devra choisir entre garder le silence et défendre les opprimés en joignant la résistance.
Outre l’intérêt que peut représenter son sujet, ce film signé Todd Komarnicki – ayant, entre autres choses, travaillé aux scénarios de Sully et de The Professor and the Madman – possède la sympathique qualité d’avoir été majoritairement tourné en Belgique : à Bruxelles, Liège et Spa.
À Bruxelles, le café Greenwich de la rue des Chartreux sera ainsi transformé en club de Jazz de Harlem, le Small’s Paradise ; l’église Notre-Dame de Laeken et son cimetière en lieu de culte berlinois, et le musée de l’armée et de l’aviation au parc du Cinquantenaire, en lieu de rencontre pour le Führer.
À Spa, le théâtre Jacques Huisman deviendra une église baptiste afro-américaine, et la campagne spadoise une frontière avec la Suisse. Tandis que le château de Tinlot situé à une cinquantaine de kilomètres de là accueillera lui aussi les équipes de tournage.
À Liège, une salle du collège Saint-Barthélemy situé en Hors-Château sera transformée en école primaire de Harlem ; la cathédrale Saint-Paul et son cloître deviendront la cathédrale de Berlin lors d’une longue séquence de quatre minutes ; la collégiale Saint-Barthélemy, une église où prendra place un prêche anti-gestapo ; l’abbaye Saint-Jacques un lieu sacré rapidement saccagé par les nazis ; le palais des princes-évêques une kommandantur nazie, et la taverne Saint-Paul située au coin de la rue Bonne Fortune deviendra le Pezelius Kaffe où se réfugiera Bonhoeffer.
Au-delà de ces considérations géographiques et ciné-touristiques, L’Espion de Dieu se démarque des autres productions liées à l’Holocauste de par son approche consistant à centrer son intrigue sur un prêtre. On pensera ainsi au film – également tiré d’une histoire vraie – Une vie pour une vie : Maximilien Kolbe (Krzysztof Zanussi, 1991), mettant en scène Christoph Waltz dans le rôle d’un ecclésiastique ayant échangé sa place avec un condamné à mort à Auschwitz.
L’angle chrétien est en effet peu utilisé dans les films de ce genre, et donne ainsi une certaine originalité à ce récit. Autant que ce choix permet d’aborder le rôle des institutions religieuses durant le Second Conflit mondial ; ou du moins le rôle de certaines personnes évoluant au sein de ces institutions.
Cela étant dit, L’Espion de Dieu dispose d’une structure très classique qui fait que le métrage pourra rapidement lasser dans sa première partie : celle-ci visant essentiellement à installer l’intrigue, les combats menés par Dietrich Bonhoeffer, sa mentalité et la source de sa foi. Le tout en mettant en scène des personnages souvent manichéens.
Ainsi, la seconde moitié du film sera la plus digne d’intérêt, dévoilant la prise de conscience du prêtre et son entrée dans la résistance, autant que son acceptation du rôle qu’il devra jouer dans tout cela.
Sur le plan formel, pas grand-chose à dire. La réalisation est soignée et s’autorise parfois quelques rares audaces, les éclairages sont beaux et la photographie est propre. Peut-être parfois trop, au point que le film pourra çà et là manquer d’une réelle identité.
L’Espion de Dieu est ainsi un film inégal, qui peine parfois à démarrer tout en parvenant à captiver par la suite, tandis que Todd Komarnicki semblera plus à l’aise dans les séquences intimistes et les dialogues. Une œuvre réellement intéressante de par ses thématiques, malgré un classicisme formel et narratif, et une œuvre qui brille surtout par son utilisation des décors et sa capacité à transformer toutes sortes de lieux pour se les approprier.