Il arrive quelque fois que le hasard vous réserve bien des surprises.
Un jour, alors que je surfais sur la page Facebook de mon ami Bill Evans (qui avait produit le fameux groupe Flying Colors), je découvris que celui-ci était occupé à travailler sur le premier album d’une artiste qui m’était totalement inconnue: Eva Kathryn.
Je discutai donc avec lui à ce sujet et son enthousiasme était si palpable que je fus rapidement séduit par ce projet. Bill m’avait dit que ce serait vraiment quelque chose d’énorme, un projet sur lequel beaucoup de grands noms du rock progressif seraient présent.
Lorsque j’entendis un premier extrait de la chanson Awake sur Youtube, je su instantanément que cette chanteuse (encore méconnue) allait faire beaucoup parler d’elle dans le milieu du rock progressif.
Voici donc une interview exclusive que nous a accordé Eva pour nous dévoiler son projet artistique et la genèse de cet album très prometteur:
Tout d’abord, peux-tu te présenter à nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore?
Et bien je m’appelle Eva Kathryn, je suis une compositrice et pianiste originaire de Topeka, la capitale du Kansas. Je suis comme une sorte de bactérie. J’ai de bons et de mauvais côtés et je m’impose partout! (rires)
Comment as-tu commencé à apprendre la musique et qui (ou qu’)est-ce qui t’a donné l’envie de t’exprimer au travers de la musique?
Aussi loin que je m’en souvienne, la musique a toujours fait partie de ma vie. Je me souviens que plus jeune, je m’endormais en écoutant les musiques de mes films préférés. Mon véritable amour pour la musique eut lieu un soir au cinéma. Je regardais le film A Perfect Store et je me suis retrouvée à pleurer en entendant la musique écrite par James Horner. J’ai ressentis quelque chose de si profond en moi en cet instant que tout changea chez moi à partir de ce moment-là.
Même si j’étais jeune, je su qu’il se passait quelque chose de particulier en moi. Dès que je fus rentrée chez moi, j’ai joué ce que j’avais entendu. Mes parents m’ont acheté mon premier synthé (un Kurzwail Mark 12) en 2000 pour que je m’exerce à jouer et que j’enregistre mes propres compositions.
Tu collabores actuellement avec Bill Evans pour l’enregistrement de ce disque. Comment en es-tu arrivée à collaborer avec lui?
C’est une histoire assez amusante. Un jour, alors que j’étais assise à côté de mon père à l’église, celui-ci me dit que si je voulais en savoir plus sur la musique, je n’avais qu’à aller trouver le monsieur avec sa moustache en guidon qui était assis un peu plus loin.
J’avais 13 ans et n’avais peur de rien. Donc, quand le sermon fut terminé, je couru vers l’homme en question et me présentai. Je ne savais pas que je parlais au légendaire Kerry Livgren, le guitariste du groupe Kansas. Il me sourit et me dit de continuer à écrire. Je pense que mon père était quelque peu étonné car il ne s’attendait pas à ce que j’agisse de la sorte comme si de rien n’était. Mais il m’avait appris que si je voulais vraiment quelque chose, je devais tout faire pour y arriver. j’ai donc recontacté Kerry régulièrement et il a fini par me dire de l’accompagner à son studio. Je suis donc venu avec cet énorme synthé que j’avais à l’époque parce que je voulais que Kerry entende tous mes arrangements pour cordes. Il était très impressionné et me proposa d’enregistrer une démo avec moi. Et me voilà donc à 13 ans en train d’enregistrer avec Kerry Livgren. Sauf que je ne savais pas qui il était et je faisais ça juste pour le fun. Après cela, il me présenta à Bill Evans qui devint plus tard mon manager et m’aida pour arriver à un autre niveau. Et nous voilà!
Comment décrirais-tu ce projet?
Je pense que cet album va être très intéressant. Ça va être très cinématique comme si les mots n’étaient pas là et que la musique te transportait dans cet univers. Lorsque j’y pense, je vois plutôt un film sans dialogues plutôt qu’un film sans musique. C’est ainsi que je fonctionne. La musique peut m’emmener là où le film veut aller.
Ceci étant dit, cet album est avant tout mon endroit, ma maison. Durant ces dix dernières années, j’ai été orientée dans toutes les directions. On m’a conseillé de chanter tout et n’importe quoi. Que ce soit tu Top 40, du jazz, de l’orchestral et tout ce qui existe entre ces genres.
Cette année, j’ai décidé de prendre du recul et de composer à ma manière quand je trouvais ça fun et qu’il n’y avait aucune attente. Je ne pensais pas à écrire un hit (peu importe ce que cela signifie) qui était en dessous de quatre minutes.
Mon nouvel album n’a pas de règle. Je m’autorise à construire quelque chose d’organique qui me donne le sourire. Donc, certaines chansons sont celles que j’ai écrit lorsque j’avais 14 ou 15 ans et que j’ai amélioré.
D’autres ont été faites durant les deux dernières années. C’est un genre de sandwich au point de vue de l’écriture. Mais tu peux y retrouver les points positifs et tout comme le côté sombre de ma personnalité.
Le fait d’être une artiste solo peut être considéré comme une liberté artistique accrue mais aussi comme quelque chose de difficile ainsi qu’une carrière pleine de doutes pour certains. Alors pourquoi as-tu choisis une carrière solo plutôt que de simplement rejoindre un groupe existant?
Je ne suis qu’au début de mon voyage. Une partie de moi se demande s’il est possible de monter un groupe et d’avoir une vision cohérente de l’album. (surtout avec la manière dont je compose avec cette manière de penser « partition »). En fait, j’adore jouer et collaborer avec d’autres. C’est un vrai plaisir. J’ai toujours su dans quelle direction je souhaitais aller et le fait d’être une artiste solo m’a toujours permis de contrôler les reines et de suivre mon inspiration. Et j’espère que cela m’amènera là où je le souhaite. Mais pour y arriver, je dois aider les autres musiciens et je suis vraiment très reconnaissante d’avoir eu l’opportunité de travailler avec eux.
L’autre raison pour laquelle je fais de la musique en solo est que j’ai développé cela dans une petite ville où il était très difficile de trouver des gens qui souhaitaient jouer le même genre que moi. Heureusement, Bill Evans sut exactement d’où je venais et m’a aidé à m’organiser et à donner un sens à ce que je composais.
Je composais une chanson entière au piano. Puis j’enregistrais mes arrangements de cordes. L’idée de faire un groupe était plus destinée aux performances en direct par la suite.
J’ai vu que tu avais collaboré avec des artistes talentueux et très renommés. Comment se sont passé ces collaborations? Ont-ils participé à l’écriture avec toi?
Il y a tout un tas de musiciens incroyables qui donnent vie à ma musique (au-delà même de ce que j’aurais pensé).
Marco Minnemann a joué de la batterie sur presque toutes mes chansons. Il leur a véritablement donné vie. Après avoir entendu ses parties, j’avais l’impression d’entendre mes chansons pour la première fois. Cela m’a permis d’avancer à pas de géant! J’ai beaucoup de respect pour lui. C’est une espèce rare. Quelqu’un de très humble et un très bon ami.
Ensuite, il y a Michal Mierziewski (Symphonic Theater of Dreams, Jordan Rudess, Flying Colors) qui a fait des arrangements avec Bill Evans pour ma chanson Awake. Il était tellement incroyable que je lui ai demandé de continuer cette collaboration avec Bill sur les autres chansons. Je suis très heureuse qu’il ait accepté.
Il y a aussi Colin Leijenaar (Neal Morse, Affector, Mylène Farmer) qui a fait de très belles parties de batterie. Daniel Fries (Affector) qui a joué de la guitare ainsi que le solo sur Awake. Brendan McReynolds (Justin Bieber, Stevie Wonder) qui a fait de la production vocale récemment et a donné beaucoup de conseils utiles, Randy Georges (Neal Morse) qui jouera de la basse, ce dont je suis vraiment heureuse.
Pour ce qui est de l’écriture, la personne avec qui j’ai travaillé est Randy McStine (LoFi Resistance, Sound of Contact). On vient de commencer à travailler ensemble il y a deux semaines et il a déjà apporté énormément de créativité surtout sur le pont de la nouvelle chanson Mannequin. Il est très talentueux.
En ce qui concerne la manière dont on a travaillé, on peut dire que nous avons travaillé par couches successives. Je crée d’abord une chanson dans le programme Logic (généralement avec l’ensemble des arrangements et une démo des voix). Ensuite, Bill et moi-même décidons dans quelle direction nous devons aller pour cette chanson. On collabore sur les arrangements et il ajoute quelques instruments. Si je suis contente du résultat de la démo, nous demandons à tous ces musiciens talentueux de continuer le travail afin d’amener la chanson à maturité.
Pourrais-tu décrire ton genre musical?
Je pense que c’est un mélange de genres progressifs. Prog Pop peut-être? Je ne sais pas vraiment. Il y a des éléments de progressif dans ma musique, mais je ne me sens pas vraiment concernée par une étiquette en particulier.
J’ai pu constater que tu as travaillé dur sur ces nouvelles chansons (avec notamment beaucoup de pistes vocales). Alors, comment est-ce que le tout devrait sonner au final? Est-ce que l’on aura des sections vocales monstrueuses comme le fait Devin Townsend avec ces espèces de chorales? Ou est-ce que le résultat final sera quelque chose de plus simple?
C’est difficile à dire. (rires) Tu entendras beaucoup d’orchestrations, des parties complexes (merci à mes talentueux collaborateurs) et une approche pop de la mélodie. Il y a aussi beaucoup de chorales. parfois beaucoup de production. Cela dépend d’une chanson à l’autre en fait et ça rend l’ensemble plus intéressant à l’écoute.
En tant qu’écrivain, je me demande toujours » qu’est-ce qui va vraiment servir la chansons? ». Puis, je me laisse guider. Peu importe la direction que cela prend. Si une chanson demande beaucoup de voix différentes, il y aura donc toute une quantité de pistes différentes. Mais encore une fois, la simplicité est souvent la meilleure voie. J’utilise ce qui semble approprié et je n’hésite pas à me remettre en cause.
Parfois, lorsque j’écoute une chanson finie, je me dis que j’aurais dû chanter telle ou telle chose. A la fin de la journée, je rajoute donc des éléments çà et là. Je vois mon album comme des instantanés musicaux. Tant que j’aurai cette vision des choses, il sera très éclectique comme moi-même.
Merci beaucoup pour cet interview, Eva. Nous te souhaitons le meilleur et ne manquerons pas de parler de ton disque dès sa sortie.
Pour plus d’infos sur Eva Kathryn, consultez sa page Facebook
En attendant ce fameux album, vous pouvez écouter l’extrait de Awake. (Notez que les parties vocales de celui-ci ne sont pas encore définitives):