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    Football Manager 2015, vers le déclin ?

    De Los Angeles à Tokyo en passant par Paris, tout le monde connait ou a déjà entendu parler de World of Warcraft (WoW pour les initiés). Un jeu de rôle en ligne massivement multijoueurs (MMORPG) qui a compté en 2008 près de 12 millions de membres inscrits. Pourtant, ce jeu s’essouffle avec le temps et, en l’espace de six ans, a perdu près de la moitié de ses joueurs.

    Cette mésaventure, une autre franchise pourrait bien la connaitre un jour. De fait, Football Manager, le produit phare de Sports Interactive (filiale de Sega), possède également une foule de passionnés du ballon rond prête à se jeter chaque année sur la nouvelle mouture du jeu. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, ce jeu vous installe dans la peau d’un manager de club de football où la stratégie et la tactique prônent avant tout.

    Il faut dire que depuis 1994, Football Manager n’a cessé d’évoluer. Au départ, la gestion est assez simpliste et encore assez éloignée d’une véritable gestion de club. Peu de championnats, des matchs à apprécier sous forme de texte, des résultats relativement aléatoires,… Bref, Championship Manager n’a pas de quoi plaire à tout le monde, mais certains y voient déjà une innovation sans précédent : une base de données.

    Et pour cause, le jeu peut déjà se targuer de posséder une base de données très riche où les futurs stars ont l’opportunité se dévoiler bien avant l’heure.

    Auréolés de leur succès grandissant, les créateurs ont alors fait évoluer le jeu graphiquement mais en ont également complexifié la jouabilité pour le plus grand plaisir des puristes. Le nom change lui aussi par deux fois : L’entraineur puis Football Manager.

    Mais la machine se grippe quelque peu lors du passage à la 3D. Alors que les matchs ont évolué vers un rendu 2D où les joueurs sont représentés par des petits pions circulaires, les créateurs décident de passer à la 3D. Sauf que Football Manager n’est pas FIFA et que le résultat est plus que mitigé. De nombreux joueurs préférant alors continuer à apprécier leurs matchs en 2D, option encore disponible pour ceux qui le souhaitent.

    Mais voilà, la gourmandise de Sports Interactive (SI) ne s’arrête plus et les problèmes s’accumulent au fur et à mesure que les opus se succèdent. Ces ratés redondants provoquent l’ire de la communauté de fans. Pour y remédier, SI s’appuie alors sur des mises à jour, un choix judicieux qui sonne pourtant le début d’une galère dont nous ne connaitrons les conséquences que bien plus tard.

    Tout cela nous amène en novembre dernier, SI sort alors son vingtième numéro. Exclusivement téléchargeable en ligne sur Steam (même avec le cd), Football Manager 2015 ne permet plus à l’acheteur de revendre le produit en deuxième main, un manque à gagner déjà présent depuis quelques années. Soit, le fan passe outre cela et achète son jeu au prix fort : près de cinquante euros.

    Et là, le gamer déchante. Les bugs sont légions, le moteur de match est défaillant voire irréaliste, l’interface est minable, le jeu est lent et – comble du désespoir pour tout addict du jeu qui se respecte – certains jeunes joueurs prometteurs sont absents et la valeur des championnats est faussée. En résumé, c’est la bérézina.

    Suite aux plaintes, et comme chaque année, SI réagit en proposant des mises à jour automatiques. Certains défauts sont alors gommés… pour laisser la place à d’autres. Le chien se mord la queue, après plus d’un mois et après quatre mises à jour, le jeu n’est toujours pas au point.

    Ce constat navrant révèle pourtant de nombreuses zones d’ombre. Outre le fait que SI Games semble de plus en plus se moquer d’une kyrielle de fans sans qui elle n’existerait pas – car il faut savoir que 95% des contenus téléchargeables sont créés par les fans -, cet échec commercial s’accompagne d’une odeur amère, celle du contenu payant.

    En effet, Football Manager propose depuis peu d’acheter une éditeur en temps réel, autrement dit un mode «triche» qui permet de modifier à peu près tout. Autrefois conceptualisé par des fans très doués, il est intégré (et payant) au jeu depuis l’année dernière. Pour 5€, à vous les noms fantaisistes et transferts gratuits. Pour quelques euros de plus, à vous les clubs immensément riches. Pour encore quelques deniers, à vous les équipes sans blessés, les entraineurs adulés et autres joyeusetés.

    Si cela reste de l’argent à investir dans un mode de tricherie parallèle, cela pourrait également signifier l’apparition prochaine de contenus payants. Dès lors, SI pourrait proposer des championnats supplémentaires payants, des stades payants, des maillots payants, des logos payants, etc. En résumé, tout ce que les internautes proposaient eux-mêmes gratuitement.

    Bien entendu, rien n’est officiel et cela se base sur des supputations. Mais n’existaient-elles pas pour une certaine autre grande franchise de simulation intitulée Les Sims ? Le doute est donc de mise.

    D’autant que pour la triche et les intentions douteuses, Sports Interactive et Sega semblent être sur le bon chemin. Pour s’en apercevoir, il suffit de regarder les notes dithyrambiques attribuées par la presse spécialisée : Jeuxvideo.com 17/20, Gamekult 9/10, Jeuxactu.com 17/20, Jeuxvideopc 9/10, Gameblog.fr 4,5/5, etc. Tout cela en testant la version initiale critiquée de toutes parts.

    En résumé, Football Manager 2015 nage en plein marasme. Une situation inconfortable dans laquelle se retrouve un Sports Interactive bien peu inspiré. Dommage, car ce jeu était un incontournable.

    Message à SI Games : il reste encore assez de fans pour rétablir le tir… avant qu’il ne soit trop tard.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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