Texte et mise en scène de René Bizac, avec Saïd Bahaïd
Du 10 au 19 décembre 2014 à 20h30 à l’Espace Senghor
Stan est chauffeur de taxi à Bruxelles mais il ne parvient plus à dormir. Rongé par l’insomnie, il chante dans sa tête la chanson des papous sensée le bercer. Mais comme il ne dort toujours pas, comme il se tourne dans tous les sens sans parvenir à reposer son âme, il raconte son histoire ; une histoire faite de morceaux de souvenirs qui, mis bout à bout, sont tant de révélations poétiques. On apprend que, chez les clients, il y a les japonais et les autres, on découvre Madame Jeanne et son chocolat chaud qui réchauffe le cœur, les injonctions de papa et la recette du « spuit ». Au fil du récit, on s’attendrit peu à peu de la naïveté révoltée de ce personnage touchant et fort, de ce bonhomme massif qu’on prendrait bien dans ses bras pour l’apaiser. On participe au quotidien fêlé de cet écorché vif qui perd la notion du temps en tentant de se raccrocher à une réalité passée.
Quinze ans après la création Le prince de la pluie, l’auteur et metteur en scène René Bizac retrouve le comédien Saïd Bahaïd pour ce spectacle à la couleur et à l’accent de chez nous. Dans le rôle de Stan, Saïd Bahaïd est exceptionnel, fort, incarné. Porté par une présence extraordinaire et une voix sortie d’autres sphères, il devient celui qu’on écoute et qui nous atteint au cœur. Du côté de la mise en scène, le choix est à la parcimonie et cela est idéal pour laisser la place nécessaire au jeu intense. Toutefois, au vu de la salle de l’Espace Senghor, on regrette parfois de ne pas pouvoir voir dans son entièreté le comédien sur scène qui est tantôt trop près, tantôt trop bas. Ce petit bémol est cependant vite effacé lorsque l’histoire de Stan et les papous se déroule sous les mots de Stan car ce témoignage a, tout à la fois, de la poigne et du poignant.