Le Chant de la Mer
de Tomm Moore
Animation
Sorti le 10 décembre 2014
Le Chant de la Mer est un film d’animation irlandais. Il a été produit en collaboration avec la Belgique, la France, le Luxembourg et le Danemark. Cela en fait donc un pur dessin animé européen, même si son cœur se trouve bel et bien dans son île d’origine. C’est, en effet, une histoire qui mêle modernité et tradition celtique et même si le lieu où se déroule l’action n’est jamais explicitement dit, on reconnait facilement la ville de Dublin.
Ce dessin animé a été réalisé par Tomm Moore, qui avait précédemment fait le magnifique Brendan et le secret de Kells dans le même style graphique. Visuellement, les deux films sont très proches et sont, tout simplement, époustouflants de beauté et de détails. Le directeur artistique de ces deux longs-métrages d’animation est le français Adrien Mérigeau et on ne peut qu’attendre avec impatience de voir ses futurs projets.
L’histoire du Chant de la Mer ne suit pas tout à fait une narration classique mais reste simple et prévisible. Ce n’est en rien grave ou étonnant dans un dessin animé pour enfants, mais ça veut simplement dire qu’il ne prend pas les mêmes risques que Brendan et le secret de Kells qui se voulait plus original. Si on voulait être réducteur, on pourrait résumer Le Chant de la Mer en disant que c’est le Ponyo sur la Falaise (réalisé par le célèbre Hayao Miyazaki en 2008) irlandais. Il y a, en effet, beaucoup de thèmes semblables et on pourrait jurer voir des clins d’œil aux films des studios Ghibli par-ci par-là, ce qui n’est pas étonnant puisque Tomm Moore a clairement dit avoir été inspiré par le maître japonais. Mais résumer Le Chant de la Mer ainsi serait lui retirer sa personnalité alors qu’il n’en manque certainement pas.
Dans ce film, nous suivons le jeune Ben qui vit dans un phare avec son père et sa sœur Maïna. On se rend vite compte que celle-ci est plus que ce qu’il n’y parait et qu’elle fait partie d’une prophétie qui devrait mener à la libération du petit peuple et des êtres féériques d’Irlande. Mais leur grand-mère, inquiète pour eux, décide de les éloigner de la mer et les emmènent vivre en ville. Ils s’enfuient alors à deux, font le chemin dans l’autre sens et découvrent du coup un monde qui leur était jusqu’alors invisible.
Les héros sont simples mais très crédibles. Ils réagissent comme des enfants et peuvent même se montrer un peu méchants par moment, ce qui est tout simplement humain. Les autres personnages sont aussi sympathiques et ne sont pas aussi manichéens que ce à quoi on pourrait s’attendre. Il y a même quelques surprises qui attendent les spectateurs. Enfin, la fin est juste efficace et pourra tirer une petite larme aux plus sensibles d’entre nous.
La musique a aussi été composée par un français : Bruno Coulais. Celui-ci avait également travaillé sur Brendan et le secret de Kells auparavant et il a rejoint tout naturellement l’équipe. Il faut noter que plusieurs chansons ont été interprétées par la chanteuse Nolwenn Leroy, qui prête aussi sa voix à la maman de Ben et Maïna.
Le doublage français est très bon, même si on sent que certaines subtilités ont été perdues dans la traduction. En effet, les quelques chansons sont en irlandais et semblent donc décalées par rapport au texte français. Un autre exemple vient du nom du chien de la famille qui se nomme Joe en français et Cù en version originale. Même si ce nom aurait été impensable par chez nous, nous perdons sa symbolique puisque Cù vient du grand héros irlandais Cú Chulainn.
En conclusion, Le Chant de la Mer est un excellent film d’animation qui fera plaisir à toute la famille, même s’il est beaucoup plus enfantin que Brendan et le secret de Kells. À cause de cela, il pourrait décevoir certains fans de ce dernier, mais si vous aimez l’animation et si vous appréciez les légendes celtiques, les deux sont incontournables.