De Solène Valentin, Léa Quinsac (Helen Zaas asbl) et Jean-Gabriel Vidal-Vandroy
Avec Marie Coyard, Leïla Devin, Silvia Guerra, Léa Quinsac et Lara van Drooghenbroeck
Du 19 novembre au 30 novembre 2024
Au Théâtre de la Vie
Défilé d’âmes en peine, vraiment ? Traduisant une routine peu conventionnelle, les plaintes de ces grandes dames agonisantes se confondent souvent avec l’échos de leurs rires. Spécialistes des blagues à deux balles, elles s’occupent comme elles peuvent ; les stéréotypes ont la vie dure dans l’éternité. Alors, elles se repassent en boucle leur mort et leurs rêves inavoués, jusqu’aux fantasmes les plus scatophiles. Spoiler alerte, on parle caca dans La Litanie des Agonisantes.
Déraciner nos imaginaires collectifs
Absurde oui, mais pas totalement dénué de sens. Les personnages ont tous quelque chose à dire. Marie Coyard, Leïla Devin, Silvia Guerra, Léa Quinsac et Lara van Drooghenbroeck incarnent chaudement des stéréotypes féminins de l’Histoire tels qu’une nonne, une star déchue, une sainte, une gouvernante ou encore une danseuse-étoile. Des personnages, presque des figures, qui « prient » sur scène leur colère et leur tristesse, mais aussi la beauté et la liberté des femmes. Le spectacle vacille entre des discours-poésies surréalistes et des monologues qui donnent raison au titre de la pièce. Solène Valentin, Jean-Gabriel Vidal-Vandroy et Léa Quinsac nous offre un beau recueil de litanies farfelues sur un ton féministe affirmé. Ils donnent la parole aux femmes, littéralement avec ce quintette de comédiennes, qui jouent une comédie qui les amuse beaucoup, et nous aussi. On apprécie d’ailleurs fortement les moments légers, où tout semble permis, qui viennent équilibrer des discours un peu plus longs et sans limite, qui demandent plus de concentration.
Des créateurs barjots
Compliqué de résumer tout ce qu’il se passe dans la Litanie des Agonisantes. Avec quelques changements de costumes en coulisse, les scènes filent et s’entrecroisent pour former comme une série de sketchs. Les personnages, conscients de leur public, se réveillent pour jouer avant de se rendormir dans leurs positions initiales, le spectacle fait une sorte d’épanadiplose. Mais s’il y a bien une chose dont il faut qu’on vous parle, c’est de l’accent mis sur les créations visuelles et sonores. À l’instar d’un cartoon délirant, avez-vous déjà vu une pièce remplie de bébés perruques blondes qui pleurent inlassablement ? Une Sainte qui porte des crocs, une BMW miniature en guise de trône ou encore une bande d’Anus-Serviteurs ? Nous, oui, grâce au travail halluciné de Solène Valentin pour la mise en scène et la création costumes, Laure Lapel à la création sonore, Louis viste pour la création lumière, Nathalie Moisan et Hélène Beutin (La Collective Crabe) pour la création scénographique et les accessoires. On vous recommande vivement de plonger dans cet univers rocambolesque aux mille et un cris de fureur et de joie, pour redécouvrir les femmes d’hier et d’aujourd’hui dans un décor unique en son genre.
Il fait toujours bon vivre dans les gradins du Théâtre de la Vie, La Litanie des Agonisantes nous le prouve encore une fois.