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    Créer un théâtre, mirage d’artiste ?

    Nous avons tous des rêves plus ou moins fous. Pour beaucoup de comédiens, comédiennes, metteurs en scène, régisseurs et autres artisans du théâtre, ce rêve se résume souvent à une chose : pouvoir bénéficier d’une indépendance et d’un contrôle total sur le choix de leurs projets artistiques sans compromis aucun. Autrement dit, faire ce qu’ils aiment et aimer ce qu’ils font, tout en assumant les aspects financiers de la vie quotidienne. Et cela peut évidemment se matérialiser par la mise en place de son propre lieu de création.

    Mais est-ce vraiment faisable ?

    Si il est déjà particulièrement difficile pour un artiste de se faire sa place dans le monde du 6ème art, créer et/ou posséder son propre théâtre relève véritablement du miracle.

    A l’instar de la création d’une start-up, pour créer un théâtre, il faut bien entendu un investissement de départ quelque soit la qualité immanente du projet. Il est évidemment possible de se tourner vers des fonds publics comme, par exemple, le Service du Théâtre, secteur le plus important du Service général des Arts de la Scène, qui a pour mission de « promouvoir, favoriser et développer la création et les initiatives artistiques dans le domaine du théâtre en Communauté française »[1].

    Ce service s’occupe donc de décerner des subventions aux théâtres et aux compagnies selon un budget bien défini à répartir entre le Théâtre pour l’enfance et la jeunesse, le Théâtre National de la Communauté française et le Théâtre semi-professionnel, amateur et universitaire.

    Mais inutile de dire qu’y avoir accès relève du parcours du combattant. Entre la rédaction de multiples copies de dossiers, qui sont bien plus les témoins de qualités administratives que de qualités artistiques, et les conditions d’accès parfois aberrantes, les « petits nouveaux » ont de quoi se décourager.

    Reste bien entendu les fonds privés. Mais cela comporte des conditions de rentabilité souvent inatteignables. Et cela sans parler du portefeuille des spectateurs très frileux à la culture en période de récession. De plus, si le fonds est privé, il nécessite inéluctablement un investissement propre, ce qui signifie, au mieux, de demander un crédit à un organisme de crédit. Par exemple, une initiative telle que St’art Invest, un fonds d’investissement pour les entreprises créatives, demande toujours un apport propre de minimum 50 pourcents.

    A moins de bénéficier d’aides publiques ou de gagner à l’euromillion (sans savoir lequel des deux vous avez le plus de chance de « remporter »), il est réellement très compliqué, et malheureusement très peu réaliste, d’imaginer pouvoir un jour créer son propre théâtre. D’autant qu’en cette période interminable de restriction budgétaire, le secteur artistique et culturel paie un lourd tribu. Et si Reynders garantit pourtant qu’il n’y aura pas de « blackout culturel », force est de constater que même les institutions culturelles fédérales souffrent, à l’image de La Monnaie ou encore du Bozar.

    La clef pour éventuellement réussir un tel défi et transformer le mirage en oasis créative ? « Une conviction sans faille qu’il peut faire aboutir son rêve, envers et contre tout ! » comme l’introduit cet article consacré à Michel Kacenelenbogen, fondateur du théâtre Le Public.

    Bref, un challenge que seuls les plus courageux, aidés d’un brin de chance, réussiront peut-être à relever. Mais il ne faut jamais dire jamais …

    [1] Source : http://www.artscene.cfwb.be/index.php?id=7457

    Quentin Geudens
    Quentin Geudens
    Journaliste du Suricate Magazine

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