Titre : Les Nouveaux Déviants
Auteur : Collectif
Editions : Au Diable Vauvert
Date de parution : 10 octobre 2024
Genre : Nouvelles
Au grand dam de certains, les citrouilles quittent doucement nos jardins pour laisser place aux guirlandes de Noël. L’invasion des vieux bougres rougeoyant et des rennes fredonnant Mariah Carey a commencé. Mais pas de panique ! Pour remonter le moral aux nostalgiques de l’horreur, ceux qui se languissent déjà du prochain Halloween, il y a les nouveaux déviants.
Les nouveaux déviants, ce sont des écrivains et écrivaines qui, en marge du réseau mainstream de la littérature, s’unissent pour proposer une œuvre qui n’a pas peur des mots. Ici, ils sont crus, sanglants, libidineux. L’atteinte à la décence est annoncée dès la préface. Il s’agit de déterrer les auteurs des bas-fonds, qui cultivent l’amour du répugnant et qui connaissent mieux les nuits en squat que les soirées mondaines de l’Académie française. Des auteurs qui, tapis dans l’ombre, écrivent avec leurs tripes. Des auteurs qui démembrent les codes. Et pour que la publication soit à la hauteur de leurs crasseuses attentes, Christophe Siebert et Morgane Cassarieu qui sont à l’initiative du projet, démarchent la maison d’édition du « mauvais genre », le Diable Vauvert. Et il n’a même pas été nécessaire de saouler la patronne pour qu’elle accepte, nous confient-ils.
Les Nouveaux Déviants est une anthologie. Ce sont dix-sept nouvelles, chaque fois proposées par un conteur différent. On y trouve des vers solitaires, une entreprise scatophile, une secte de clochards, un orgasme lesbien, un meurtrier gélatineux ou encore un guide de la défonce intersidérale. Tout est permis du moment que ça mouille. Que ça gicle, ça suinte et ça pullule. Et évidemment, comme pour toute œuvre collective, certaines voix nous appellent plus que d’autres. Sarah Buschmann avec un narratif surprenant autour du marché de l’adoption nous arrache le cœur, mais avec virtuosité. Pareil pour Cassarieu qui, en posant un regard érotico-gore sur la stratification sociale, fait d’un sujet engagé une œuvre morbide et affreusement inoubliable. Et si ce sont deux femmes qui nous ont le plus interpellés, il ne faut pas minimiser le talent des autres. Tous les auteurs ont une personnalité, ce qui donne à l’œuvre final un côté patchwork de l’horreur ou se superposent des propositions littéraires loin des normes et de la bienséance.