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    Rencontre avec Lucie Duval du groupe Pyrah

    Aujourd’hui, le Suricate Magazine s’est penché sur une formation de métal originaire d’Alsace: Pyrah. Ce groupe mélange métal progressif et chant lyrique avec une très grande efficacité. Il est composé de la chanteuse Stephany, du guitariste Jean-Loup Traoré, du bassiste Olivier et de la batteuse (une fois n’est pas coutume) Lucie Duval. Le talent évident de ces musiciens a donné cette formation solide et originale qui amène incontestablement un plus à la scène française.

    Nous avons écouté Where Am I, leur premier album et celui-ci nous a beaucoup plu. (Retrouvez notre chronique ici)

    Nous avons donc eut envie de vous faire découvrir ce groupe au travers d’une interview avec la batteuse du groupe: Lucie Duval.

    Tout d’abord, j’ai été attiré par le nom de votre groupe: Pyrah.. Je me suis demandé s’il ne s’agirait pas d’une divinité grecque, mais il s’avère que finalement ce n’est pas le cas. Alors, d’où vient ce nom particulier et mystérieux?

    C’est un nom court, simple à retenir et qui d’une certaine manière représente le côté féminin du feu. Les véritables origines ne peuvent être racontés en l’état ,sinon, on ne serait pas crédibles (rires). Du coup, cette version est à prendre ou à laisser!

    Comment est né ce groupe?

    Pyrah est né fin 2012. Lucie et Stéphanie venaient du même groupe et ont décidé de monter leur propre projet. Puis, par un pur hasard, elles ont rencontré Olivier qui, à la base, n’était pas bassiste de métal mais il a vite accroché et s’est très bien adapté au style.

    Jean-Loup était, à cette même époque, à la recherche de musiciens pour monter un projet. Et « paf !», ça a fait des Chocapics. Enfin, ça a donné Pyrah quoi! Et je dois avouer que le hasard a vraiment bien fait les choses. Je crois n’avoir jamais ressenti une entente pareille avec tout un ensemble de musiciens.

    Votre style est un savant mélange de mélodicité et de technique. Comment vous décririez-vous?

    Un melting pot d’influences est ce qui pourrait nous caractériser. Chaque membre vient d’un monde différent. Cela passe du heavy, au death en passant par le progressif et le funk (à vous de deviner quel membre apporte quoi!), et on essaie de mettre tout ça en commun, et le mieux possible pour faire notre son.

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    Ton jeu de batterie est assez poussé techniquement et apporte un véritable cachet à cet album (je pense notamment à des morceaux comme All Will Die ou encore When Voices Quiet Down)…

    All Will Die est le morceau qui m’a vraiment pris la tête au début du groupe. J’ai mis quelques jours à comprendre ce qu’était le 7/8 (temps irrégulier d’une mesure). Mais une fois lancée, cela a été bon. Jean-Loup nous a depuis lancé d’autres défis. Ce fût une source énorme de progrès, ce qui a contribué à l’évolution de mon style et peut être de ce cachet dont tu parles.

    Quels ont été les batteurs (ou batteuses) qui ont fait que tu as acquis un tel niveau aujourd’hui?

    En fait, je n’ai pas de modèle en particulier, je prends ce qui me plaît dans ce que j’écoute et j’ai l’impression que la mémoire fait le reste. Après, j’aime beaucoup Marthus de Cradle Of Filth et Van Williams quand il était aux commandes chez Nevermore. Ces artistes m’ont mis de sacrées claques et m’ont certainement de manière indirecte influencée sur mon jeu.

    Aurais-tu des conseils à donner à celles qui voudraient apprendre la batterie?

    Travailler, beaucoup écouter de musique, de groupes différents, de styles différents. Et enfin, évoluer en groupe. C’est ce qui m’a le plus aidé dans mon apprentissage et ma progression personnelle, c’est vraiment très formateur. Ne jamais se décourager, et travailler encore parce que ce n’est jamais assez!

    As-tu dû te battre pour t’imposer en tant que batteuse dans un groupe?

    Si tu savais… Déjà la batterie est un instrument que l’on laisse un peu de côté. Mais quand tu es une fille, on te regarde de haut, ce qui est encore pire, surtout dans le métal. Tu dois toujours faire tes preuves. Avec Pyrah, cette impression s’est bien calmée. Mais ce n’est quand même pas encore tout rose!

    Comment travaillez-vous les variations de rythmiques au sein des morceaux?

    Maintenant ça vient naturellement. Mais je dois avouer que Jean-Loup nous a donné du fil à retordre, moi qui était habituée au 3/4 et 4/4. On a fait pas mal d’incursions dans des chiffrages tels que 7/8, 5/4, 13/16, 11/8… Notre chanteuse au début a bien râlé. Mais au final, elle s’en sort très bien et elle préfère, même. Ca lui fait bosser de nouvelles choses ! Le bassiste, de formation funk, nous suit sans difficultés. Il nous impressionne de jour en jour ce funkyman !

    Est-ce que vous composez en commun ou de façon séparée?

    Jean-Loup compose la plus grande partie. Il nous envoi les fichiers guitare une fois la compo terminée et à nous de dire ce qui va ou pas. Il reforme et nous faisons comme ça jusqu’à ce que ça convienne à tout le monde. Ensuite, chacun commence à bosser chez lui. Nous mettons en commun en répète et nous terminons la compo, nous la finalisons. On a trouvé notre manière de travailler, qui s’avère être très productive.

    Quand on écoute ces chansons, on s’aperçoit que vous avez vraiment énormément travaillé et que chacun des morceaux a une identité propre et nous emmène dans votre univers. Certains groupes galèrent parfois des années avant d’enregistrer une simple démo.

    Comment ça s’est passé pour Where Am I?, était-ce un projet de longue date?

    Depuis la création de Pyrah, nous avons tous beaucoup travaillé pour pouvoir évoluer rapidement. Nous avions déjà, à l’époque, l’objectif « album » bien ancré en tête. Stéphanie et moi avions suffisamment évolué auparavant dans divers groupes pour vouloir voir bouger les choses avec notre projet. Ce qui tombait bien, c’est que Jean-Loup et Olivier étaient du même avis que nous : il nous fallait cet album, il nous fallait cette évolution. Nous avions une motivation telle que nous nous sommes battus d’arrache-pied pour que cet album voit le jour. Nous ne pensions pas l’avoir aussi rapidement, mais nous avons la chance de travailler vite et d’avoir cette rage en nous pour nous accompagner.

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    Est-ce que les chansons datent de très longtemps? Ou est-ce un album composé assez récemment?

    C’est un album qui a commencé à être composé peu après la création du groupe soit début 2013. C’est donc très récent!

    Il y a souvent des thèmes assez mélancoliques ou oniriques sur ce disque. Où puisez-vous l’inspiration pour les paroles?

    Notre chanteuse écrit une trame de paroles avec le thème qu’elle souhaite évoquer dans la musique. Elle parle beaucoup au figuré, en métaphores, mais elle n’est pas très douée en anglais (c’est elle qui le dit). Alors, elle envoi tout ça à JL qui reformule les phrases de manière à ce qu’on ait un anglais juste et correct. L’inspiration, elle la trouve dans son passé, dans sa vie, dans sa passion, dans tous ce qu’elle fait, ce qui lui plait ou pas. Elle parle comme elle ressent les choses.

    Un jour, elle pourra faire une musique en te disant « fuck » (Stand Tall) parce qu’elle sera énervée. Le lendemain, elle te fera un truc mélancolique et mignon (ou pas), genre Dreamland. Après, si Jean-Loup (Olivier ou moi, mais ça c’est beaucoup moins sûr) a des textes qu’il a envie de mettre en musique comme c’était le cas sur Sea You, Atlantis, elle s’adapte. Jean-Loup écrit aussi des textes quand il en a envie (ce qui donne Dear Diary), qu’il écrit avec beaucoup de philosophie.

    Pourquoi chanter en anglais? Est-ce pour mieux s’exporter? Ou est-ce que le Français ne correspond pas selon vous à ce style?

    D’abord, Stéphanie n’aime pas chanter en français. Ensuite, on pense que l’anglais est beaucoup plus joli et plus fluide à l’écoute d’une musique surtout dans les styles « durs » comme le rock et le métal. Et, effectivement, il y’a aussi une question d’exportation ! Mais ça ne veut pas dire qu’une chanson en une autre langue n’est pas prévue pour le prochain album…

    Je suis pour ma part impatient de vous voir sur scène. Comment ont été accueillies ces chansons en live?

    Notre musique est très bien accueillie en live, ce qui nous pousse à nous déchirer d’autant plus quand nous montons sur scène ! On salue notre énergie et notre « générosité » (dixit une dame venue nous voir en concert à Paris) Ca nous pousse aussi à chercher des dates en dehors d’Alsace, et de France… Nous espérons bien faire une petite tournée et passer par la Belgique pour que tu puisses en juger par toi-même !

    Quel est votre meilleur souvenir sur scène?

    En majorité absolue nous dirions la date sur Paris. Un public très présent, et une ambiance d’enfer! Nous avons aussi adoré jouer au Caf Conc’ des 3 frontières à Barthenheim en Alsace, une salle vraiment géniale où l’ambiance avait été assez folle. Mais en fait, c’est une question piège, parce que les souvenirs les meilleurs pour nous sont ceux qu’on partage avec notre public…

    La scène métal a énormément évolué depuis un certain temps en France. Que pensez-vous de ceux qui la représentent aujourd’hui? Y a-t-il des groupes que tu affectionnes particulièrement?

    Effectivement, la scène française a bien évoluée. Mais je n’ai pas l’impression que ce soit dans le bon sens. Quand on voit les galères rencontrées par des gros groupes français et qu’on compare à des groupes équivalents dans d’autres pays, on voit qu’on est bien lésés… La scène métal française est riche et dynamique, mais les possibilités d’y faire ses preuves sont limitées et relativement pauvres. On sent une véritable crise dans ce monde, et qui ne semble pas être parti pour s’arranger. Reste à voir ce que l’avenir nous réserve…

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    Quelles sont les erreurs que vous ne referiez plus aujourd’hui?

    Je pense que nous ferons différemment pour le deuxième album, pour la communication générale et la promotion. Nous avons beaucoup manqué d’efficacité, peut-être par précipitation, ce qui nous a peut-être fait défaut.

    Y a-t’il des gens avec qui vous souhaiteriez collaborer?

    Je crois que chacun des membres a son petit rêve caché à ce sujet. Pour notre chanteuse qui enchaine déjà les collaborations (récemment Unia et Timo Tolki’s Avalon), un duo avec Floor Jansen serait un aboutissement. Après, on est ouvert à tout ! Un petit morceau de folie avec Nina Hagen, un duo de batterie avec une pointure des fûts, ou faire faire un solo à TimoTolki sur un de nos titres… bref ce n’est pas les idées qui manquent !

    Quels sont vos projets?

    Une tournée est prévue pour la fin de l’année. Nous essayons de voir un peu à l’étranger également ! Et comme nous vous aimons et qu’on adore vous casser les oreilles, nous sommes déjà en train de travailler sur notre deuxième album!

    On souhaite en tout cas le meilleur pour votre groupe et vous êtes les bienvenus en Belgique!

    A bientôt!

    Pour plus d’infos sur Pyrah:

     Rendez-vous sur leur page Facebook.

    Leur album est également disponible sur leur page Bandcamp.

    Christophe Pauly
    Christophe Pauly
    Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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