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    Youth Act Poland, de la méthodologie théâtrale à la pédagogie non formelle 

    Les Belges et les Bruxellois-es le savent peut-être peu, mais les projets Erasmus+ leur sont aussi destinés. 

    L’Erasmus+, c’est le programme de l’Union européenne destiné à soutenir l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport en Europe, comme il est rappelé sur le site officiel : https://erasmus-plus.ec.europa.eu/fr/about-erasmus/what-is-erasmus. Avec un budget estimé à 26,2 milliards d’euros, le programme 2021-2027 souhaite mettre l’accent sur l’inclusion sociale, les transitions écologiques et numériques et la promotion de la participation des jeunes à la vie démocratique. Toutes organisations ou établissements souhaitant œuvrer dans ces domaines peuvent soumettre leur candidature pour obtenir des fonds et soumettre une proposition de formation travaillant ces domaines en particulier.   

    L’Erasmus+ permet notamment de suivre des formations en ligne ou de partir plusieurs jours dans un pays européen (mais pas uniquement, la Géorgie ou la Turquie par exemple proposent aussi des formations) aux personnes travaillant avec et pour des jeunes ou dans des associations locales, afin de développer ou d’apprendre de nouvelles techniques. 

    L’association Youth Act Poland, pour en nommer une, a proposé une formation, Improdrama 4.0, qui a eu lieu durant dix jours, en octobre dernier, à Dobczyce, une petite ville pas loin de Cracovie, en Pologne. Durant ce laps de temps, des méthodologies théâtrales ont été exposées pour apporter ensuite une réflexion en groupe sur leur apport dans le travail quotidien avec les jeunes. À partir de sessions d’1h30 s’immergeant dans le monde du mime, de l’impro, du théâtre visuel, de la jonglerie, Youth Act Poland permet à la fois de découvrir ces outils et d’amener à réfléchir via une pédagogie dite non formelle, où l’apprentissage se fait entre pairs. 

    Concrètement, les journées se dessinaient ainsi : nous étions logés dans un hôtel et la formation avait lieu de 9h30 à 13h, avec 30 minutes de pause entre deux sessions d’1h30. Ensuite, après la pause repas de 2 heures, on reprenait la même formule de deux sessions d’1h30 coupées d’une pause de 30 minutes. Le programme se finissait officiellement à 19h, lors du dîner. Cependant, la salle commune permettait l’accès à de nombreux jeux de société, à une table de ping-pong mais aussi à une salle de concert improvisée pour celles et ceux qui souhaitaient chanter, danser, etc. Des soirées d’approfondissement centrées sur le mime et l’improvisation, optionnelles, étaient également dans le programme, ainsi qu’une après-midi de temps libre, où nous avions la possibilité d’aller visiter Cracovie, ses mines de sel ou de se promener autour du lac près de l’hôtel, bref, nous étions libres de faire ce qu’on voulait.  

    Après 4 jours suivant ce même processus, alternant les sessions pratiques de découverte de méthodologie théâtrale et des exercices pour apprendre à se sentir bien et à l’aise dans le groupe, Improdrama 4.0 s’est terminée par la création de nos propres sessions, créées par les participant.e.s, réparti.e.s en groupe de deux ou trois. Après une après-midi d’échange et de création de session à trois, chaque groupe avait une heure pour animer le reste des participant.e.s, en suivant les principes du cycle d’apprentissage de Kolb (que j’ai découvert sur place) exposés auparavant par Ewelina Grzechnik et Maciej Jan Krasniewski, avant de prendre 30 minutes pour un retour collectif et des retours constructifs. 

    Si cet article existe, c’est aussi parce que cela fait partie du programme. Les semaines de formation sont en-effet gratuites (nourriture, logement). Cependant, pour obtenir le remboursement total des frais de transport (une somme tournant autour des 300 euros maximum), il faut suivre certaines recommandations. Il faut notamment mentionner au moins 3 fois dans nos réseaux sociaux notre participation à l’événement, écrire un article dans notre langue maternelle et en anglais, parler publiquement des techniques apprises dans une école et une association locale, poster notre session créée en groupe pour qu’elle puisse être utilisée par d’autres, dans la logique de la pédagogie non formelle. 

    Si ce genre de projets vise avant tout à réunir des personnes qui travaillent ou ont travaillé avec des jeunes, la sélection des participant.e.s reste variée. Pour candidater, rien de plus simple, il suffit de se rendre sur le site Salto Youth : https://www.salto-youth.net/. Salto Youth est un réseau de 7 centres de ressources dont les axes prioritaires tournent autour du secteur de la jeunesse. Financé par la Commission Européenne, Salto Youth fournit une série de formations axées sur l’apprentissage non-formel de ressources pour les personnes travaillant avec des jeunes. Salto soutient les programmes Erasmus+ ou le corps européen de solidarité en organisant des formations pour des agences nationales ou des organisations tournant autour de l’émancipation des jeunes et recevant des fonds européens. 

    Concrètement, si vous travaillez dans le secteur de la jeunesse et que vous souhaitez partir, faites-en part à votre association qui peut vous envoyer vivre un Erasmus+. Si vous ne dépendez pas d’une association ou d’une institution pour vous soutenir, une cinquantaine de projets sont disponibles sur le calendrier de formations de Salto. Il suffit de regarder lesquelles sont ouvertes à la Belgique francophone, néerlandophone, germanophone, certains projets n’étant pas ouverts à tout le monde ou à tous les pays européens. Vous devrez ensuite répondre à certaines questions sur vos motivations et votre désir à rejoindre ce projet, ce qui ne demande pas énormément de temps. Il n’est pas obligé d’avoir nécessairement une grande expérience de travail avec des jeunes, tant que vous arrivez à justifier votre présence et votre apport au groupe et au projet, étant donné que l’éducation non formelle attend de vous aussi que vous contribuiez à l’apprentissage de tous et toutes. 

    Pour ma part, c’est mon troisième Erasmus+ en 2024, après avoir été en Estonie et en Bulgarie. J’ai demandé aux coordinateurs et coordinatrices des projets pour quelles raisons, sur 200 candidatures, ils et elles m’avaient sélectionné. En dehors de de mon expérience de travail dans le secteur de la jeunesse, deux points font la différence dans la sélection : je suis un homme et l’équilibre des genres est recherché. Or, les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à candidater. Ensuite, je suis Belge et apparemment, très peu de personnes en provenance de la Belgique postulent. Ce sont pourtant de belles opportunités, professionnelles et humaines, de vivre en communauté, d’apprendre de nouveaux outils, de se mélanger avec une dizaine de nationalités, une vingtaine de personnes, afin de ramener chez soi un petit bout du rêve européen d’antan. 

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