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    Le jardin des créatures, un questionnement sur la mort à hauteur d’enfant

    Couverture du livre pour enfants « Le jardin des créatures » (Casterman, 2024)

    Titre : Le jardin des créatures
    Texte : Sheila Heti
    Dessin : Esmé Shapiro
    Éditeur : Casterman
    Date de parution : 6 novembre 2024
    Genre : Petite enfance, Livre illustré

    Comment parler de la mort avec de très jeunes enfants ? Nombreux sont les albums jeunesse qui s’y essaient, souvent avec pudeur et tendresse, comme Partout là où je suis. Dans Le jardin des créatures, l’autrice canadienne Sheila Heti prend le parti d’évoquer les incertitudes liées à la mort à travers une fable animalière adaptée aux enfants de 4 à 8 ans. Une approche osée qui se veut rassurante mais qui requiert un accompagnement par un adulte.

    La mort, une source de questionnements dès l’enfance

    Le jardin des créatures, c’est un jardin imaginaire, luxuriant, dans lequel évoluent trois amis : une chatte et deux lapins. Lorsque l’un des deux lapins meurt, la petite lapine qui reste se sent perdue. Heureusement, la chatte (qui représente en quelque sorte la figure parentale) la rassure en l’aidant à trouver elle-même la réponse à ses questions.

    Les illustrations d’Esmé Shapiro sont ici assez différentes de l’univers graphique de son album Carole et le chapeau-crapaud. Mêlant aquarelle, gouache, crayons de couleur et collages, la dessinatrice crée une ambiance onirique avec des créatures qui font penser à de petits gremlins. Contrastant avec le jardin multicolore, le ciel noir évoque le poids du deuil – un poids qui s’allège au fil du temps à mesure que le ciel s’éclaircit pour virer au bleu.

    Faire face à l’angoisse de l’inconnu

    « Où est-ce qu’on va, quand on meurt ? » Face à cette question que se posent les enfants, comme les adultes, Le jardin des créatures fait le choix de la franchise. Loin de toute notion d’un au-delà éternel, les dialogues abordent la grande incertitude qui lie les êtres humains entre eux : l’absence de réponse indéniable, mais l’intuition que l’on retourne au « rien » d’avant la naissance.

    Si l’évocation de la fin de la conscience est courageuse dans le cadre d’un album jeunesse, Le jardin des créatures risque de paraître un peu angoissant aux enfants qui ont besoin de certitudes et qui se sentent perdus face à des adultes en proie au doute. Connue pour son approche expérimentale et introspective de l’écriture, Sheila Heti fait ici un pari risqué qui ne conviendra pas à la sensibilité de tou·te·s mais qui n’est pas sans mérite, puisqu’il permet d’aborder sans détours les questionnements des enfants sur la mort.

    Soraya Belghazi
    Soraya Belghazi
    Journaliste

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