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    Le portrait de mariage, le destin très (trop!) court d’une duchesse de la Renaissance

    Titre : Le portrait de mariage
    Autrice : Maggie O’Farrell
    Éditions : 10/18
    Date de parution : 14 août 2024
    Genre : Roman historique

    La parution d’un livre de Maggie O’Farrell est toujours un événement, car cette autrice nous émerveille à chaque sortie littéraire. Cette fois, elle nous entraîne au cœur du XVIè siècle en pleine Renaissance italienne pour nous raconter l’histoire de Lucrèce de Médicis (1545-1561). Cette jeune femme est promise dès l’âge de 13 ans à Alfonso, le duc de Ferrare. Au vu de sa date de décès, on sait que la demoiselle passera l’arme à gauche rapido presto. Sur papier, elle décèdera de la tuberculose. Mais sa mort, comme celle de pas mal de femmes de son noble entourage, est restée nimbée de mystère, les suspicions d’empoisonnement allant bon train.

    Maggie O’Farrell nous met dans le bain dès le début de son roman : la jeune Lucrèce soupçonne son époux de vouloir la tuer. Mais avant cela, l’autrice revient sur l’histoire familiale et sur l’enfance de Lucrèce, dont elle dépeint un tempérament plutôt combatif, solitaire et sauvage qui l’a toujours tenue éloignée de sa fratrie, ô combien nombreuse… onze enfants quand même !

    Après l’enfance et l’insouciance, arrive le devoir propre aux familles nobles et à leurs fichus enjeux politiques qui se soldent par des mariages arrangés, pas romantiques pour un sou. Encore moins quand vous devez vous farcir votre beau-frère ! En effet, Alfonso devait initialement épouser Maria, la sœur aînée de Lucrèce, mais la pauvre est décédée avant d’avoir pu dire oui.

    On est alors embarqués dans l’histoire de cette jeune fille de 15 ans totalement déracinée de Florence, sa ville natale, pour suivre un homme qu’elle connaît à peine jusqu’à Ferrare. Elle doit tout apprendre de la vie de duchesse dont l’aspect le plus terrifiant est sans nul doute celui du devoir conjugal. En somme un viol consenti par tout le monde, sauf par la principale intéressée.

    Quant au personnage d’Alfonso, il est déstabilisant. On le déteste avec notre regard de 2024 embué du #metoo parce qu’il feint de s’intéresser à une gamine dans le sombre dessein de lui faire son affaire. Mais il peut aussi se montrer très prévenant envers Lucrèce, ce qui lui fait gagner des points. A nous d’être à nouveau outrés après qu’il ait tabassé un page maladroit et ainsi de suite. Sous sa normalité, percent des petits accès de folie récurrents qui laissent présager le pire.

    Dans cette Renaissance pleine de mystères, Maggie O’Farrell nous entraîne dans le quotidien de ces femmes qui n’étaient bonnes qu’à procréer, peu importe qu’elles soient passionnées, cultivées ou sensibles. L’époque n’était pas propice au développement personnel mais plutôt au statut de poules pondeuses. Et gare à vos fesses si vous n’enfantiez pas assez rapidement, ce n’est évidemment pas la fertilité de Monsieur que l’on remettra en cause.

    Honnêtement, ce n’est pas le livre le plus passionnant de Maggie O’Farrell qui nous a davantage marqués avec d’autres titres bien plus addictifs. Cependant, tout en respectant les faits authentiques, son joli pied de nez à l’histoire -que vous découvrirez par vous-mêmes- est tout simplement magistral. Notons aussi le remarquable travail de recherches dans les détails du quotidien qui favorisent l’immersion dans cet univers très sombre, illuminé par une plume poétique.

    Quoi qu’il en soit, nous attendrons le prochain livre de l’autrice irlandaise avec toujours autant d’impatience.

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