Titre : Pop fascisme
Auteurs : Pierre Plottu et Maxime Macé
Éditions : Divergences
Date de parution : 27 septembre 2024
Genre : Essai
Dans un essai court mais efficace, Pierre Plottu et Maxime Macé, journalistes au quotidien français « Libération », analysent le nouveau visage triomphant du fascisme : celui qui pullule sur internet. Un succès qui n’est pas sans conséquences…
Papacito, Thaïs d’Escufon, Baptiste Marchais, Le Raptor Dissident et bien d’autres… ces noms, depuis quelques années, se sont installés sur les plateformes les plus populaires chez les jeunes. Leur recette est simple : jouer sur « l’humour », le « lifestyle » ou encore sur un vocabulaire bien particulier qui permet, pour un public initié, de pourvoir exprimer (presque) sans conséquences leur racisme, antisémitisme ou encore misogynie décomplexée. Ils se connaissent tous, ils s’invitent les uns chez les autres pour tourner des vidéos ensemble. Ils créent parfois leurs propres « médias » afin de se donner un semblant d’allure journalistique. Ils montent des entreprises, vendent des produits dérivés pour surfer sur les millions de vues accumulées. On voit donc que le business est bien rodé et que l’écosystème est florissant.
Mais leur succès est tel qu’il sort même de la sphère d’internet, en effet une frange entière du paysage médiatique français n’a pas été imperméable à leur ascension : les médias détenus par le milliardaire Vincent Bolloré. En effet ces tiktokeurs et autres youtubeurs d’extrême droite se retrouvent assez souvent sur le plateau de Cyril Hanouna, au micro d’Europe 1 ou en interview sur C-News, ce qui leur donne encore une légitimité renforcée.
Le public que ces « influenceurs » touchent est donc extrêmement large et leur succès n’est pas sans conséquences nous apprend le livre de Pierre Plotu et Maxime Macé. Les débats qu’ils réussissent à imposer au public deviennent parfois des sujets nationaux. L’essai cite l’exemple de Nick Conrad, rappeur alors inconnu qui, après avoir été récupéré par ces influenceurs, a dû se justifier en prime time sur la plupart des chaînes de télévisions françaises. Via internet, ils imposent des débats à un pays entier et participent à créer des paranoïas et des inquiétudes loin de la réalité et ça les politiciens comme Éric Zemmour et Marine Lepen en font leurs lits.
Ces « influenceurs » du pire, grâce à leur popularité, ont donc imposé leurs mots et leurs visions politiques à toute une partie d’une nouvelle génération baignée très tôt dans les réseaux mais pas seulement ! Des hommes politiques reprennent leurs mots et des journalistes reprennent leurs sujets. Il faut s’informer, lire, tailler son esprit critique pour ne pas tomber dans leurs pièges !
Et cet essai nous y aide. Il est rempli d’exemples, d’analyses et de sources pour pouvoir appréhender très facilement ce sujet qui peut parfois être difficile d’accès si on ne consomme pas ce genre de contenu. La clarté et la concision du livre est une vraie force, on sent le côté journaliste des auteurs. L’enjeu est bien trop important que pour ne pas s’outiller afin de pouvoir décortiquer leurs discours. Un essai à lire !