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    Jouer avec le feu, le désarroi d’un père

    Dans Jouer avec le feu, Vincent Lindon incarne un père célibataire dont l’un des deux fils, jeune adulte, se laisse happer par un groupe d’extrême droite, jusqu’à commettre l’irréparable. Si l’emprise idéologique est bien présente comme thème de fond, c’est avant tout à la relation père-fils que s’intéresse le film.

    Un trio en apparence soudé, mais fragile

    Veuf, Pierre élève seul ses deux fils d’une vingtaine d’années : Félix, surnommé « Fus », et Louis. La famille vit en Lorraine, où Pierre travaille comme ouvrier pour la SNCF. Fatigué, usé par le travail de nuit, Pierre consacre tout son temps libre à ses fils. Tandis que Fus, sportif, suit une formation de métallurgie à l’IUT, son cadet, Louis, a réussi sa classe préparatoire et rêve de poursuivre des études d’histoire et de sciences politiques à La Sorbonne.

    Sans surprise, la réussite scolaire de Louis n’est pas sans susciter la jalousie de son aîné. Les frères sont malgré tout complices. Vincent Lindon incarne, comme souvent, un homme un peu maladroit et bourru. Mais c’est un père aimant et dévoué, ce qui le rend très attachant. Jouer avec le feu alterne entre les scènes du quotidien familial, à l’ambiance souvent bon enfant, comme lorsque Fus danse le rock avec son père, et les scènes de tension où père et fils s’affrontent sur les mauvaises fréquentations de Fus et sur son discours aux relents de plus en plus racistes.

    Une violence incompréhensible  

    Les scènes dans la cuisine, filmées à contre-jour, semblent suggérer que l’intimité crée une complicité trompeuse. Derrière les fous-rires et les souvenirs partagés, le lien familial est fragilisé par les non-dits. Fus, dont le besoin de reconnaissance trouve un écho dans un groupe viriliste d’extrême droite, s’éloigne des siens – et en particulier de son père, dont l’incompréhension devant l’évolution de son fils est totale.

    En adoptant le point du vue du père, Jouer avec le feu offre un portrait touchant, même si l’émotion s’étiole avec une fin qui traîne en longueur et une scène dans laquelle l’éloquence de Pierre semble en décalage avec son personnage. On regrette aussi que la personnalité des deux fils et leurs motivations respectives ne soient pas plus développées.

    Au final, comme le roman dont il est tiré, Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin (2020), Jouer avec le feu est avant tout une histoire d’amour. L’amour inconditionnel d’un père pour ses fils, au-delà de l’incompréhension, de la peur, de la colère, et de la honte.

    Soraya Belghazi
    Soraya Belghazi
    Journaliste

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    Jouer avec le feuRéalisatrices : Delphine et Muriel CoulinGenre : DrameActeurs : Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stefan CreponNationalité : FranceSortie : 29 janvier 2025 Dans Jouer avec le feu, Vincent Lindon incarne un père célibataire dont l’un des deux fils, jeune adulte, se laisse happer...Jouer avec le feu, le désarroi d’un père