De Fabrizio Rongione et Giuseppe Santoliquido
Mise en scène de Gabriel Alloing
Avec Fabrizio Rongione
Du 3 septembre au 19 octobre 2024
Au Théâtre Le Public
Nous sommes en Italie. Il y a ces champs brulés par le soleil, au loin, sur les murs, des cadres mal disposés avec de vieilles photos jaunies. Un vélo. Une carte de la nation en forme de botte, un banc, un arbre méditerranéen. Mais nous sommes aussi en Belgique. Dans les sous-sols du théâtre le Public, où Fabrizio Rongione accueille son public du soir avec du cochon noir, du saucisson en fait (et tant pis pour les végé), suivi d’un peu de vin de son cousin, pour terminer par du fromage. Voilà, nos sens culinaires en action, le spectacle peut commencer.
L’acteur joue Luca, un belgo-italien de 50 ans né à Bruxelles et qui retourne tous les étés dans « sa » maison en Italie, quelque part entre Rome et Naples, là où il est né, où ses ancêtres ont coulé des jours heureux jusqu’à présent. Sauf que le maire de la petite ville de 150 habitants veut raser la propriété pour qu’une nouvelle route ramène davantage de vie (et d’argent) au village, dans le bénéfice de tout le monde évidemment.
Luca va donc nous raconter ces petits bonheurs estivaux, rentrer « chez lui », après un long trajet en voiture, avec sa famille, le premier café dans le ventre à peine avoir quitté la France, dans la première station essence italienne. Il parlera aussi de ses relations avec sa mère et son grand-père en particulier, puisqu’il n’a pas connu son père (disparu après avoir eu un rapport non protégé avec sa mère, à 16-17 ans, lors d’une fête de village). Fabrizio interprète tous les personnages, seul en scène : le cousin (un des cousins), l’adjoint au maire du village, une tante, etc. Il tente de rationaliser la situation et rassure sa mère : la maison, jamais elle ne sera rasée.
Écrite par le comédien préféré des frères Dardenne et Giuseppe Santoliquido, Porca Stada est exactement ce qu’on vient rechercher après avoir lu le synopsis : un goût d’Italie, avec en prime de la nourriture « locale ». Il y aura les accents, les lumières tamisées ou explosant de soleil, les petites blagues envers les belgo-italiens, envers les italiens aussi. Le décor pseudo-réaliste en toc et carton-pâte exposé sur le plateau, dont ce vélo dont il ne sera pas question ici. La manière de faire de la politique, la montée de l’extrême droite, la défiance des régionaux envers les gens des capitales, pleins de suffisance, et les petits moments typiques et pittoresques d’un petit village italien.
L’histoire tient sur un bout de papier et suit le chemin qu’on attend qu’elle suive. Un peu trop d’ailleurs, ronronnant par moment, surtout vers la fin, rapidement expédiée. On comprend que ce n’était qu’un prétexte pour s’échapper en Italie un moment, revenir en été encore un peu tandis que le ciel gris encombre déjà le paysage bruxellois et ses bâtiments tout gris. Fabrizio nous offre donc avec générosité un peu de soleil, de clichés (la musique!), à travers la gouaille de ces différents personnages. Si on ressent parfois la littérature derrière le théâtre, dans son rôle de narrateur, il a l’air d’y prendre beaucoup de plaisir et met du cœur à montrer sur scène un bout d’Italie, le sien, à un public acquis à sa cause.