Scénario : Pierre-Henry Gomont
Dessin : Pierre-Henry Gomont
Éditeur : Dargaud
Sortie : 6 septembre 2024
Genre : Historique, Aventure
Troisième et dernier tome pour Slava, ce récit de la débâcle d’un empire et de la période sombre et violente – un véritable Far West – qu’a vécu le peuple russe après la chute de l’Union soviétique avec Un enfer pour un autre, une fin de partie à l’image des deux autres albums de la série, haute en couleur et fidèle aux principes de l’auteur. Une trilogie qui se place du côté du peuple, de ceux qui ont souffert de la désorganisation du pouvoir et de l’économie face à une classe de capitaliste qu’aucun état, aucune loi n’a pu réguler.
Dans ce troisième et dernier tome, Lavrine est devenu un homme riche, mais seul. Car Slava, son ami de toujours, est resté auprès de Nina. Ouvrier le jour, peintre la nuit, Slava l’aide à maintenir à flots la mine qu’ils ont sauvé de la convoitise des oligarques. Mais dans le vaste foutoir qu’est l’économie russe, ce n’est pas si simple. Surtout quand on est plus artiste que mineur, qu’on a grandi selon les préceptes communistes, et qu’on ignore tout de l’économie de marché.
On retrouve dans ce dernier tome les éléments qui nous avaient accroché dans les albums précédents, à savoir une mise en scène très rythmée, un humour et un cynisme qui font mouche caractéristiques de toutes les personnes qui n’ont plus rien à perdre car on leur a tout pris, ainsi qu’un scénario assez proche de la réalité pour dresser un portrait relativement fidèle des milliers de personnes qui ont éprouvé ce désarroi et cette rage en voyant que toutes leurs croyances avaient été balayées d’un revers de la main, et dès lors qui suscite une certaine empathie auprès des lecteurs qui peuvent s’y identifier.
On rit, on pleure, on souffre et l’on reste admiratif face au courage de ces gens qui ont vu leur paysage mental se modifier à tout jamais. Dès lors, si vous souhaitez aborder cette période via le récit documentaire, nous vous conseiller l’excellent livre de la Prix Nobel de littérature Svetlana Aleksievitch La Fin de l’homme rouge, si c’est le cinéma qui vous tente Rhino du réalisateur Oleg Sentsov et si vous êtes amateur de BD, Slava de Pierre-Henry Gomont, un bon mélange de sérieux agrémenté d’une bonne dose d’humour noir.