De Georges Courteline, mise en scène de Julie Duroisin et Jean-François Breueravec, avec Séverine De Witte, Xavier Elsen, Amélie Saye et Réal Siellez.
Du 20 novembre au 6 décembre 2014 à 20h30 à L’Os à moelle
C’est dans une salle ressemblant un peu à un entrepôt ou une grande cave aux hauts plafonds d’où pendent des chaises, des capots de voiture et autres objets en tout genre, que s’est installée la scène de L’Os à moelle, non sans y avoir flanqué pêle-mêle des divans, fauteuils, chaises et autres assises pour le plus grand plaisir du spectateur. Une ambiance cosy et chaleureuse qui donne tout de suite envie d’oublier l’aspect un peu dilettante de l’ensemble. Charmant espace donc pour y mettre en scène ces Quelques courtes de Courteline.
Le décor est vite planté, nous ne sommes pas dans un lieu conventionnel et à l’instar de l’espace qui l’abrite, la représentation n’a rien d’ordinaire non plus. Pas de trame narrative, pas de décor grandiloquent, pas de quoi faire ce qui pourrait au sens classique être appelé une « pièce ». Juste des petits moments de la vie de tous les jours qui alimentent les scènes savoureuses, si elles sont bien exécutées, du théâtre de boulevard. Madame Machin sait bien que son mari la trompe et va s’en lamenter à grandes larmes chez Madame Truc et les deux nous offrent le spectacle hilarant du malheur tout relatif de leur médiocrité.
C’est que la petite bourgeoisie française de la fin du XIXème siècle en prend pour son grade. La plume acerbe de Courteline tourne en ridicule tous ses personnages qu’ils soient maris, femmes, maîtresses ou pique-assiettes. Pour rendre justice à son oeuvre et à ses dialogues, fer de lance du comique de Courteline, il nous fallait des acteurs à l’énergie débordante. Et ça tombe bien parce que ces quatre là en ont. Que de répliques assénées avec une précision étourdissante , de traits d’esprit captés avec pertinence et resservis avec maîtrise. Des jeunes comédiens prometteurs d’autant plus qu’ils sont jeunes !
On regrette par contre certaines conséquences du choix de montrer des extraits plutôt que de monter une pièce. La mise en scène, rythmée par l’ouverture et la fermeture du rideau un peu lassante, incorpore des inter-scènes un peu inutiles mais qui évitent quand même les temps-morts lors des changements de décors et de costumes. La discontinuité des scènes, si elle est un choix et qu’elle permet de parcourir une galerie de personnages variés, laisse un goût de trop-peu. Et finalement, les comédiens n’ont pas nécessairement l’âge de leur rôle, ce qui ne convainc pas toujours.
Pas un chef-d’oeuvre théâtral donc, mais un moment très agréable passé en compagnie de quatre comédiens à l’énergie débordante qui jouent les équilibristes sur un texte exigeant dans son débit et ses intentions. A savourer sans prétention depuis le confort d’un des fauteuils de L’Os à moelle.