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    Modigliani, Prince de la Bohème chez Casterman

    Modigliani, Prince de la Bohème couverture

    scénario : Laurent Seksik
    dessin : Fabrice Le Henanff
    éditions : Casterman
    sortie : octobre 2014
    genre : Biographie

    Une plongée dans la biographie d’un des ténors picturaux du 20è siècle. Un suspense haletant qui conduit à l’agonie.

    Paris. 1917. Première Guerre mondiale. Amedeo Modigliani, un peintre italien alors méconnu, et Jeanne, sa compagne, subsistent pauvrement sous les toits de la capitale. Ils survivent plus qu’ils ne vivent grâce à l’aide de Zlobowski, un marchand d’art, qui soutient l’artiste malgré ses sautes d’humeur. Modi a alors 32 ans. Il est tourmenté, alcoolique, dépressif, en profond questionnement existentiel et artistique. Réformé de guerre, il souffre depuis l’enfance d’une maladie qui le ronge petit à petit et qui le conduira à la mort.

    Dans Modigliani, Prince de la Bohème, leur nouvelle bande-dessinée parue chez Casterman, Laurent Selzik (au scénario) et Fabrice Le Henanff (au dessin) nous plongent dans la biographie d’Amedeo Modigliani, ce peintre devenu célèbre posthumément pour ses représentations de femmes aux visages allongés. Cet album retrace les événements qui ont jalonnés les trois dernières années de l’artiste, décédé trop tôt. Parmi eux, l’exposition de Modigliani à la galerie Weill, échec cuisant de sa carrière à cause des femmes nues poilues qu’il avait osé y exposer, mais aussi ses rencontres avec Pablo Picasso (à l’époque où il peignait ses Demoiselles d’Avignon) et un Auguste Renoir déjà très âgé.

    Modigliani, Prince de la Bohème s’adresse à un public adulte assez éclectique, allant du connaisseur en histoire de l’art au plus simple novice. Au-delà de sa particularité didactique, l’ensemble divertit et tient en haleine grâce à ses dialogues succincts, laissant ainsi place à l’ambiguïté et au suspense. La trame narrative souffre cependant de l’absence complète de cartouches (due au choix de la focalisation externe) et de la simple addition de scènes biographiques pas toujours reliées entre elles, avec pour conséquence un récit trop éparpillé et décousu parfois. C’est le cas de la scène chez Renoir, qui semble tomber de nul part et manquer d’enjeu narratif.

    D’un point de vue visuel, ce bel album cartonné de 72 planches décrit une atmosphère crépusculaire en résonnance avec la dégénérescence de ce prince troublé. Le dessin réaliste voire documentaire de le Hennanff contraste avec les masques dépeints par Modigliani. On y reconnaît des paysages parisiens, comme l’Eglise de la Madeleine, les devantures typiques des cafés, tant le trait est soigné et précis. La mise en page éclatée perturbe cependant le lecteur, alors perdu dans le tourbillon existentiel du peintre.

    Une belle réalisation globale, à mettre dans toutes les mains.

    H. D.
    H. D.
    Journaliste du Suricate Magazine

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