La galerie Paris-Beijing rassemble les œuvres de l’artiste chinois Zhu Xinyu pour sa première exposition solo en Belgique. Intitulée Turbid Landscapes, celle-ci est à voir jusqu’au 10 janvier 2015. Les toiles, entre contes et histoires d’horreur, représentent toutes des forêts. Nous avons rencontré l’artiste pour en savoir un peu plus.
Pourquoi avez-vous choisi les forêts comme sujet pour vos tableaux ?
Tout d’abord j’ai choisi les forêts car les lignes verticales des arbres sont semblables à un labyrinthe. Ensuite, je suis vraiment fasciné par le temps et l’espace. J’ai voulu donner l’impression que quelque chose est en train de se passer dans la toile. Dans les arbres, il y a deux parties: celle du haut et celle du bas. C’est avec celle du bas que je peux vraiment travailler et jouer.
Utiliser la lumière est important car sans la lumière les arbres ne seraient que des formes et rien d’autre. Quand on ajoute la lumière tout change. La lumière donne une sensation complètement différente à la toile.
Cette lumière paraît artificielle, comme si elle venait d’un spot électrique. Représente-elle quelque chose de particulier ?
Pas spécialement, tout ne doit pas être logique. Parfois j’ajoute cette lumière artificielle pour qu’elle reflète mes sentiments intérieurs. Cette lumière dans le fond de mes tableaux n’est pas forcément logique ou rationnelle mais j’éprouve le besoin de la mettre.
Quel est le sens de la série Turbid Landscapes ?
C’est assez difficile à expliquer car je n’envisage pas mon travail de manière globale. Peindre est un acte très personnel, je n’y pense pas d’un seul coup. Je ne considère mes peintures que séparément, dans des espaces et temps distincts.
Et pourquoi ce titre alors ?
Ce titre était préalablement utilisé pour une toile exposée ici, à la galerie. On trouvait qu’il correspondait bien avec le concept de l’exposition. En fait, mes toiles n’ont généralement pas de titres, c’est plutôt une décision de la galerie.
Pourquoi n’utilisez-vous que des couleurs sombres ?
N’utiliser que des couleurs et tons sombres permet de faire ressortir les parties plus éclairées et donc la lumière.
On a l’impression que chaque peinture représente un rêve. Était-ce le but ?
Oui je suis d’accord avec cette interprétation. Mon travail est comme un pays imaginaire. Ma vie avant était assez ennuyante. J’ai voulu créer quelque chose par moi-même, quelque chose qui provenait de mon imaginaire. Je ne pouvais utiliser que la peinture comme outil pour exprimer mes sentiments. C’était une manière d’échapper à ma vie ennuyeuse.
Ce tableau ici, Untitled, est le seul dans lequel il y a des personnes. Pourquoi ?
Cette toile est un tournant dans mon travail créatif. Je voulais tenter quelque chose de nouveau. Dans les autres toiles, il n’y a aucun personnage. Par contre, dans chacune d’elles je voudrais que les spectateurs ressentent que le paysage n’est pas figé. Quelque chose va se passer, ce n’est pas immobile.
Cette toile en particulier fait donc la connexion avec les autres. Les personnes représentées ici peuvent avoir été dans les autres toiles auparavant. C’est comme une étape d’un scénario. Les gens ont quitté la toile précédente pour venir dans celle-ci, dans ce nouveau monde mais même moi je ne sais pas trop ce qu’il se passe.
Zhu Xinyu, Untitled 05, 170x260cm, 2014
Pendant toute la durée de l’exposition, vous allez réaliser une peinture à la galerie. Pensez-vous que la présence et le regard des visiteurs vont vous influencer ?
Non, l’audience ne devrait pas affecter mon processus de peinture mais si c’est le cas, je leur demanderai de s’en aller (rires). Normalement je ne peins que pour moi, seul dans mon studio. Ici, à la galerie, je vais devoir travailler dans un environnement complètement étranger. Les visiteurs vont venir voir. Je veux tenter cette expérience que je considère comme une performance d’artiste. En règle générale, personne ne me regarde. C’est un spectacle solo. Par contre, durant l’exposition, je vais devoir « joué » devant les autres.
Est-ce possible de la voir ?
Je ne l’ai pas encore commencée. Je me demande encore quel va être son sujet. J’ai déjà quelques images en tête, je vais bientôt installer une toile blanche au mur. J’espère que ça me donnera plus de l’inspiration. C’est pour moi une véritable expérience qui peut se solder par un échec. Ce serait le cas si la peinture n’exprime pas mes propres sentiments. Mais si j’accepte le fait que je peux échouer, ce sera de toute manière un succès d’avoir essayé de peindre face à une audience.
Avez-vous des projets pour la suite ?
Après cette exposition à la galerie, je vais continuer à peindre. Ce sera pratiquement comme avant l’exposition : je vais réfléchir, créer. Je verrai ce qui se passe, j’aime vivre au présent. Je n’aime pas trop penser à ce qui pourrait se passer plus tard.
Plus d’infos:
Galerie Paris-Beijing:
Hôtel Wassinger
Rue de l’Hôtel des Monnaies 66
1060 Bruxelles
www.galerieparisbeijing.com