Titre : La confession
Autrices : Romane Lafore
Editions : Flammarion
Date de parution : 28 août 2024
Genre : Roman
La vie semble être un long fleuve tranquille chez les Plée, une famille française de catholiques pratiquants purs et durs. Agnès, une de leurs filles, a suivi, tout comme ses cinq sœurs, les cours dans une prestigieuse école pour enfants de gradés militaires, tradition familiale oblige. Tout coule de source lorsqu’elle rencontre Hugues, un militaire de Saint-Cyr, également très croyant. La suite vous la connaissez, ils se marièrent et eurent…malheureusement beaucoup de difficultés à avoir des enfants. Le temps passe, et après plusieurs années de mariage, toujours aucun descendant en vue.
Ce roman est une confession, celle d’Agnès. Elle se résout à la faire après avoir commis un crime innommable. Tout au long de cette messe basse, elle installe le décor de l’intrigue, raconte son histoire familiale et son rapport à la maternité.
Romane Lafore, à travers la voix d’Agnès, dénonce notamment la pression religieuse qui pèse sur les épaules des femmes. Ce qui se traduit au quotidien par un intense chagrin éprouvé quand elle est entourée des ventres fertiles et rebondis de ses amies ou encore l’humiliation ressentie lors des repas familiaux où des yeux indiscrets et réprobateurs scrutent sans vergogne son bide invariablement plat.
Et pourtant, Agnès est une fidèle exemplaire. A un cheveu d’obtenir son diplôme, elle a arrêté ses études supérieures pour devenir une épouse et par conséquent, une mère. Sans emploi, son bénévolat très engagé chez « Ecoute-Avortement » – un centre où les travailleurs détournent insidieusement le projet des femmes souhaitant pratiquer une IVG – lui vaut les honneurs dans sa communauté. Quant à la sphère plus intime, les parties de jambes en l’air sont programmées et dénuées de tout plaisir. Malgré tout cela, à ses yeux, Dieu semble l’avoir oubliée…alors à quoi bon se décarcasser?
La tension est extrêmement bien mise en place tout au long du roman. Malgré quelques longueurs, le texte reste très agréable à lire. Malheureusement, le récit pèche par un point plus essentiel.
En effet depuis le début de la confession, on attend le dérapage, le crime, la couille dans ce sacro-saint potage…et on patiente quasiment jusqu’à la fin de l’histoire. On aurait aimé que la révélation se fasse beaucoup plus tôt pour voir l’évolution des personnages après coup. Ce qui provoque un peu de frustration.
Néanmoins, nous avons apprécié les thématiques compliquées et très délicates que Romane Lafore a eu le courage d’aborder pour nous permettre de réfléchir – à plus grande échelle que le cadre liturgique – à la société que nous façonnons au quotidien, dans nos vies respectives et au rôle que nous y jouons. Et cette démarche force le respect.