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    L’homme qui valait 35 milliards au Théâtre de Poche

    D’après le roman de Nicolas Ancion, mise en scène par Le Collectif Mensuel, avec Sandrine Bergot, Quentin Halloy, Baptiste Isaia, Philippe Lecrenier et Renaud Riga

    Du 11 au 29 novembre 2014 à 20h30 au Théâtre de Poche

    Richard, un artiste plasticien en manque de reconnaissance assisté de ses amis Marion journaliste pour le Vlan et Patrick fraîchement licencié des hauts fourneaux d’Arcelor, décident après la fermeture de la phase à chaud de Liège, de kidnapper le quatrième homme le plus riche du monde : Lakshmi Mittal. Leur but ? Lui faire réaliser et surtout signer des copies d’œuvres d’art contemporain pour élever cet enlèvement au rang d’œuvre d’art. Durant les deux premières parties, on assiste à l’élaboration du projet tandis que la troisième et dernière partie nous décrit sa mise en œuvre ainsi que le résultat de cette entreprise délirante.

    Si le décor planté, agrémenté de dialogues hilarants, et le contexte paraissent légers au premier abord, ils soulèvent néanmoins énormément de questions sociétales actuelles. Quelle est la place de ces quelques personnes qui à moins de cinquante détiennent 90% de la fortune mondiale par rapport à l’immense majorité qui peine à trouver un emploi et n’a souvent pas assez d’argent pour vivre ? Pourquoi les gens se plaignent-ils de leur travail alors que ce sont eux qui l’ont choisi et pleurent ensuite lorsqu’ils sont virés ? Pourquoi, même dans un ménage où les deux parents travaillent, on a de la peine à joindre les deux bouts ? La réponse à toutes ces questions et à bien d’autres est à la fois très compliquée mais aussi très simple : il n’y a plus assez de travail pour tous les demandeurs d’emploi. Même avec la meilleure volonté du monde, on est empêtré dans un modèle capitaliste qui gangrène les institutions et finit par détruire le moindre soupçon d’espoir, la plus petite étincelle de courage, les minuscules graines de promesses qui ne demandaient qu’à éclore et qui auraient pu naître au fond du cœur des enfants, des adolescents, des adultes.

    Cette représentation, mêlant performances musicale, théâtrale et cinématographique, dont les projections ancrent encore plus profondément la pièce dans la modernité, est extrêmement dynamique sans temps morts, sans fausses notes et porté par des acteurs au jeu impeccable, au sommet de leur forme et réellement investis dans leurs rôles. On comprend dès lors aisément pourquoi cette pièce a eu et conserve toujours autant de succès : c’est parce que cette réflexion acerbe et pleine de véracité qui s’enracine dans une réalité très actuelle faisant froid dans le dos, trouve un écho vibrant en chacun de nous.

    L’Homme qui valait 35 milliards est une pièce de théâtre excellente à découvrir absolument !

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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