Habitué aux films d’entreprises et aux reportages, Stéphane Réthoré, réalisateur originaire de Nantes, a décidé de franchir le pas et de passer à la réalisation de fiction. Un exercice, comme nous le savons, très périlleux.
Et pour franchir ce cap, le réalisateur français s’est associé au romancier Sylvain Blanchot (Et on dévora leur cœur, Mémoire classifiée) pour l’écriture du scénario.
Le projet, initialement imaginé comme un court métrage, se transforme très vite en long. L’immensité du sujet et la relation plus que productive entre les deux hommes a donc transformé 300 000 kilomètres/seconde en une sorte de pilote de long métrage, constituant en fait la première partie d’une histoire bien plus vaste.
En guise d’introduction à son univers, Réthoré nous propose donc de découvrir Lucien Lacroix, un inventeur vivant à Paris en 1956. Après avoir repris les recherches de son défunt père, il réussit à créer une montre lui permettant de voyager dans le temps, une invention qui attire la convoitise d’individus suspects.
Rencontre avec Stéphane Réthoré, « voyageur imprudent » du 7ème art.
Pourquoi avoir choisi de ne réaliser qu’une partie de votre projet, de votre histoire ?
Comme il est difficile de monter directement un projet de long en France (d’autant plus qu’il s’agit d’un film de genre(s) : un mélange d’aventure/Film noir avec une touche de Science-Fiction), nous avons opté pour la solution suivante : écrire le long métrage et réaliser le pilote, pour avoir plus de chance d’intéresser les productions en posant, dès le court-métrage, les bases de l’histoire, ainsi que tous les éléments du long : personnages, ambiance, esthétique, rythme, musique, comédiens, etc…
Maintenant que le court est terminé, nous avançons donc sur l’écriture du long, pour pouvoir présenter aux productions quelque chose de concret : nous avons déjà une première version du traitement au chaud.
Comment est né 300 000 kilomètres/seconde ?
Le projet a véritablement débuté en avril 2010. Je réfléchissais à une idée de court métrage : ça devait être quelque chose de simple au départ. Une histoire courte, un film rapidement écrit, tourné et terminé mais… les choses se sont passées différemment !
J’avais déjà en tête les bases de l’histoire mais il me fallait un coup de main pour la mise en forme de tout ça. J’ai contacté Sylvain Blanchot. On s’est très vite entendu car on avait pas mal de références communes, et le scénario s’est facilement écrit.
J’ai ensuite passé un mois à dessiner le storyboard complet du film, puis à créer un gros dossier avec beaucoup de références visuelles.
Malheureusement, tout à commencé à ralentir lorsque j’ai commencé à rechercher une production. Pendant plus d’un an le dossier est resté sur le bureau de plusieurs boites de production. Malgré plusieurs relances, je crois qu’il n’a jamais été lu.
Au bout de cette année d’attente j’ai donc décidé de reprendre le contrôle et j’ai lancé une campagne de crowdfunding via Ulule.
Et là tout s’est débloqué: j’avais prévu 90 jours pour obtenir la somme pouvant nous permettre de lancer le projet, et en seulement 12 jours l’argent a été réuni. C’était assez dingue !
130 personnes nous ont apporté leur soutien dès le départ. Je les remercie encore car sans eux rien n’aurait pu se faire.
Puis le buzz ayant fait son travail, une société de production m’a proposé de m’aider à produire le film : Duck Factory.
Le projet était déjà bien avancé mais j’avais besoin d’aide pour gérer le budget, la location du matériel de tournage et la logistique.
Il faut dire que tourner un film d’époque en extérieur dans Paris est très compliqué à mettre en place. Alors pour un court métrage comme « 300 000 kilomètres/seconde » contenant une poursuite en voiture dans les rues de Montmartre la nuit, je vous laisse imaginer !
Comment imaginez-vous l’avenir de 300 000 kilomètres/seconde ?
Pour le moment le projet est un long métrage. Mais si on nous propose de le décliner sous forme de série TV, nous ne sommes pas contre ! Le récit est très vaste, et peut nous permettre beaucoup de choses. « 300 000 kilomètres/seconde » est également une histoire se déroulant dans plusieurs pays d’Europe, sur plusieurs époques et avec des personnages principaux de différentes nationalités. Une co-production internationale serait donc, je pense le système le plus adapté à ce genre de projet. C’est la raison pour laquelle le film doit être vu dans le monde entier.
Pour conclure, l’idée est de faire quelque chose qui ne se fait plus en France: du cinéma à grand spectacle. Mais pas décérébré, ni recyclé. Quelque chose de visuel, de sensoriel, de fort.
L’Histoire de France et de l’Europe permet de grandes choses, notre patrimoine est très riche. Revisiter l’Histoire par le biais du mélange de genres (Film noir, science-fiction, thriller) est je pense quelque chose d’important à accomplir.
Plus que que de raconter une véritable histoire, 300 000 kilomètres/seconde (le court métrage) étale donc surtout une atmosphère particulière grâce à un sens de l’esthétique atypique. Proche de l’ambiance des films noirs et de SF des années 50, le court métrage est largement influencé par la série TV américaine culte des années 60, The Twilight Zone (La Quatrième Dimension).
En jouant allègrement avec les codes de différents genres cinématographiques, le réalisateur, titille notre curiosité et nous intrigue quant à la suite de cette histoire au travers du temps.
300 000 km/seconde s’avère donc le début d’une aventure à toute allure, supérieure à la vitesse de la lumière, qui a d’ores et déjà récolté quelques prix tels que ceux du meilleur court métrage au Bridge Film Festival et au Ninja Pop SciFi Film Festival. Espérons que le long métrage verra le jour afin de répondre à cette fin de court métrage très ouverte.
Dès ce 10 novembre à 15h, 300 000 kilomètres/seconde sera disponible gratuitement à cette adresse : http://vimeo.com/stephanerethore/300000kilometresseconde