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    Mondes parallèles, une histoire d’amour : anticipation sans passion

    Titre : Mondes parallèles, une histoire d’amour
    Auteur : Keigo Higashino
    Editions : Actes Sud
    Date de parution : 1er mai 2024
    Genre : Science-Fiction, Romance

    En entendant le mot réalité virtuelle, notre première pensée va au numérique, si puissant qu’il est capable de travestir nos perceptions. On imagine la visière d’un casque qui cache un humain titubant, son âme appartenant à un autre monde. Du coup, quand le terme se retrouve sur la jaquette d’un livre, on se fait une idée assez précise de la suite du scénario, ce qui n’est jamais très engageant. Mais Higashino prend le large à contre-courant, ou du moins il essaye. Et si l’enjeu n’était pas extérieur à nous, mais bien intérieur ? Et si notre mémoire nous dupait, jusqu’à faire apparaître de nouvelles réalités ? Ce narratif aux airs de Black Mirror n’a plus rien de révolutionnaire, aujourd’hui, certes. Mais il reste d’actualité, ce qui, pour une dystopie technologique écrite dans les années 90, est tout de même méritant.

    Il faut dire que l’auteur de roman policier, très populaire au Japon, a de la bouteille. Et de la ressource. Il sait qu’utiliser une écriture achronique donne du relief. Dans Mondes parallèles, une histoire d’amour, deux réalités s’affrontent. La première exhibe Tsuruga, en proie à la détresse. Il s’est amouraché de la compagne de son meilleur ami, Tomohiko. Et pourtant, le destin est injuste ; son désir pour elle est bien antérieur à leur couple. Pour Tsuruga, elle n’était pas encore Mayuko, mais juste l’inconnue des rails. Leurs trains se croisaient chaque matin et, à travers la vitre, leurs regards s’embrassaient. Pas de nom, juste un visage derrière une fenêtre. Et un coup de foudre. Le Tsuruga de la seconde réalité a, lui, plus de chance. Il se réveille chaque matin aux côtés de Mayuko, se plaignant de l’aspect mitochondrial de sa cravate.

    Dans la première réalité, Tomohiko avoue que parfois, il se sent gêné par la présence de Mayuko. Il ne sait pas quoi lui dire. Et à vrai dire, on dirait que Higashino ressent le même malaise à l’encontre de ses lecteurs. On a souligné l’ingéniosité de son pitch. Mais sa plume ne le suit pas. Sa voix est blanche, dénuée de sonorité. Monocorde. Dans l’étude de la syntaxe, Higashino s’est arrêté à la rencontre entre le verbe, son sujet et son complément. Ses personnages ne se précisent jamais, pas plus que son univers. Et ce ne sont pas les quelques descriptions qu’il donne qui solutionnent le problème. La lecture est si peu éprouvante qu’elle en devient fatigante. Dommage, parce que, narrativement, Higashino n’est pas dénué d’adresse.

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