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    Appels en absence, une ado face à la violence extrémiste

    Couverture de la BD « Appels en absence » de Nora Dasnes (Casterman, 2024)

    Titre : Appels en absence
    Scénario et dessin : Nora Dåsnes
    Éditeur : Casterman
    Sortie : 1 mai 2024
    Genre : Roman graphique, Jeunes adultes

    Appels en absence est un roman graphique pour jeunes adultes qui aborde le choc qu’a représenté le massacre d’Utoya en juillet 2011 pour les jeunes norvégiens. Comment continuer à étudier comme si de rien n’était, alors que plus d’une soixantaine d’élèves et d’étudiants ont été sauvagement massacrés par un extrémiste néonazi pendant un camp d’été ? Traduite du norvégien, la bande dessinée adopte le point de vue d’une lycéenne traumatisée par les évènements. Ce personnage, Rebekka, est fortement inspiré par l’expérience de l’autrice et dessinatrice, qui avait 16 ans à l’époque.

    Un traumatisme collectif

    Le massacre perpétré par Anders Behring Breivik le 22 juillet 2011 à Oslo et sur l’île d’Utoya, où se tenait un camp d’été pour jeunes du parti travailliste norvégien, a choqué le monde entier par sa sauvagerie et les motifs haineux de son auteur. Pour la société norvégienne, traditionnellement considérée comme tolérante et peu familière des attentats extrémistes, le traumatisme a été particulièrement profond. La grande majorité des victimes était des adolescents et des jeunes adultes. Pour beaucoup, cette confrontation directe avec la mort a créé un sentiment d’insécurité difficile à surmonter.

    La jeune Rebekka et son amie Fariba, qui n’ont pas été directement témoins du massacre, réagissent de manière très différente à l’après-22 juillet. Alors que Fariba, de confession musulmane, décide de s’engager en politique pour combattre l’extrémisme et empêcher qu’une telle horreur se reproduise, Rebekka rumine. Ses pensées la ramènent sans cesse au jour fatidique : le jour où elle et ses amis ont reçu des dizaines d’appels en absence de leurs parents paniqués, d’où le titre de la BD. En bichromie noir/bleu et noir/rouge, la dernière couleur étant utilisée pour les flashbacks, Appels en absence souligne les questionnements de Rebekka et sa difficulté à vivre normalement devant une violence aussi incompréhensible.

    Un récit d’amitié et de résilience

    À l’âge où elle devrait se préoccuper surtout de ses cours et de son petit copain, Daniel, Rebekka n’arrive plus à dormir et se ferme comme une huitre. Sa mère, policière, est souvent absente, et son grand frère, Joakim, a des comportements de plus en plus violents qui l’angoissent. Grâce à Daniel et Fariba, et grâce à une pièce de théâtre scolaire, Rebekka va peu à peu reprendre le dessus.

    Même si l’album aborde de sujets difficiles sans détours (la violence terroriste, la mort, la haine raciale et religieuse…), Appels en absence n’est pas une histoire déprimante mais bien un récit sur la résilience et sur la nécessité de respecter le rythme de chacun. Un récit qui aide à comprendre pourquoi certains ont besoin de passer tout de suite à autre chose, et pourquoi d’autres ont besoin de temps pour retrouver leurs marques.

    Soraya Belghazi
    Soraya Belghazi
    Journaliste

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