Dans le cadre de la conférence intitulée « Leçon de musique de film », le réalisateur Fabrice du Welz et le compositeur Vincent Cahay ont partagé leur expérience de collaboration sur le film Adoration.
A l’instar du duo mythique formé par Sergio Leone et Ennio Morricone, certaines paires artistiques semblent transcender le simple partenariat créatif. Après des collaborations fructueuses sur des films tels qu’Inexorable et Alleluia, Fabrice du Welz et Vincent Cahay incarnent une alchimie artistique palpable, façonnée dans le creuset d’une amitié de longue date. Ce lien est le fil conducteur de leur travail, une précieuse connexion qui imprègne chaque plan et chaque note de leur œuvre d’une sincérité et d’une profondeur sans égales.
Adoration, le sixième long métrage de Fabrice du Welz, représente un nouveau chapitre de leur synergie artistique. Le film est un voyage captivant à travers les tourments d’un premier amour adolescent, une exploration de l’amour inconditionnel, à la fois constructeur et destructeur. C’est une véritable ode à la créativité, où du Welz et Cahay se livrent sans entrave : l’un derrière la caméra, l’autre derrière le piano. Cette fusion artistique transcende l’écran, plaçant le film comme témoin de leur complicité indéniable. Dans ce jeu d’écoute mutuelle, Vincent Cahay accompagne chaque étape de la réalisation du film, s’imprégnant de son atmosphère pour composer une bande sonore à la fois envoûtante et troublante. L’approche du binôme défie toute forme de rigidité artistique, embrassant une palette d’influences vaste, allant même jusqu’à puiser dans les arcanes du punk, territoire cher à Cahay.
Le résultat est une expérience sensorielle captivante où le lyrisme se mêle à la dissonance, où les images se marient aux sons pour créer un univers enivrant. La musique insuffle une nouvelle dimension aux états d’âme des protagonistes, grâce à des sonorités aussi incertaines que puissantes. Le rythme lent et contemplatif du film, teinté de réalisme poétique français, contraste avec l’énergie brute et débridée de la musique de Cahay, créant un dialogue fascinant entre l’ombre et la lumière, la beauté et la noirceur. La musique résonne comme un écho, tissant un fil entre nostalgie et mélancolie, nous ramenant aux souvenirs doux-amers de l’enfance.
Aussi marginal que libérateur, ce choix esthétique et musical incarne pour Fabrice du Welz l’essence même de son cinéma : prendre des risques. Une audace qui n’a pas manqué d’être saluée, puisqu’elle a valu au film le Magritte de la meilleure musique en 2022.