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    Maestro, James Ensor au Palais des Beaux-Arts

    L’année 2024 marque le 75e anniversaire de la mort de James Ensor. Ostende (ville d’origine du peintre), Anvers et Bruxelles rendent hommage à l’artiste avec différentes expositions. Dans la capitale, Bozar a composé avec le maître sous toutes ses facettes.

    Surtout connu pour ses squelettes et ses masques, James Ensor (1860-1949) est assurément un des peintres les plus atypiques du paysage artistique belge de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. L’exposition Maestro parvient à élucider l’éclectique palette de l’artiste. Certaines œuvres inédites sortent de leur collection privée pour se dévoiler aux yeux du public.

    De l’impressionnisme au macabre

    L’exposition est structurée en quatre sections différentes. La première partie est intitulée « de la réalité à l’imagination » et s’attache à la période réalistico-impressionniste d’Ensor. Le visiteur y découvrira notamment de merveilleuses marines, miroirs de la fascination de l’artiste ostendais pour la mer du Nord. Par la suite, le peintre va progressivement s’émanciper du réflexe impressionniste pour laisser libre cours à son imaginaire particulier. Fantasmagorie, la section suivante, qui prend place dans la rotonde de Bozar, aborde cette scission. Une « inquiétante étrangeté » émane du Squelette regardant chinoiseries. Cette œuvre prend la forme d’une scène d’intérieur où le macabre coexiste avec des estampes orientales. Ensor brille dans ses mises en scène. 

    James Ensor, Squelette regardant chinoiseries, vers 1888, copyright : Patrimoine FRB

    Dans cette même salle, on découvre comment l’effervescence culturelle bruxelloise a nourri l’œuvre d’Ensor. En outre, l’artiste se fait satirique. Provocant, il aimait se moquer de l’humanité. Son ami et écrivain, Eugène Demolder a d’ailleurs écrit à propos de lui :  « Férocement, il nous donne le visage de ses contemporains dans le miroir impitoyable de son ironie ». 

    De la musique avant toute chose…

    Une partie très originale de Maestro se concentre sur l’univers musical dans lequel baignait Ensor. Le peintre était aussi musicien et compositeur. Plusieurs de ses partitions sont visibles dans l’exposition. Ensor a composé un ballet, La gamme d’amour, pour lequel, dans un principe d’art total, il s’est chargé de tout : de la mise en scène jusqu’aux costumes et décors. La musique est également un motif pictural. Ainsi, les cimaises exhibent divers bals masqués et instruments de musique. 

    James Ensor, La Gamme d’amour (Flirt des marionnettes), 1926. Copyright Peter Cox.

    « Le Christ est une signification obligatoire »

    De l’autre côté de la rotonde, l’exposition se conclut avec Jésus Christ. La figure christique porte sur les épaules une lourde tradition iconographique. Est-elle un réflexe pictural ?

    Pour Ensor agnostique, le « Christ est une signification obligatoire », comme il le dit quelques mois avant sa mort. Flirtant avec le blasphème, l’artiste exploite la figure du Christ et s’y projette : Jésus, comme James Ensor, a été critiqué et vilipendé en masse. Le peintre impose son nom sur la croix et fait côtoyer la Vierge avec le grotesque. 

    Vue d’exposition, copyright Julie Pollet

    À ces quatre pôles, s’ajoute un brillant court métrage où l’on rencontre l’artiste dans son atelier ostendais. De captivantes photos d’archives recouvrent les murs menant à la rotonde. 

    Maestro est une exposition passionnante et superbement élaborée. Ensor fut aussi écrivain. C’est annoncé, mais nullement développé. À quand une exposition « Ensor et la littérature » ?

    • Où ? Bozar, Palais des Beaux-Arts, rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles 
    • Quand ? Du 29 février au 23 juin 2024 et du mardi au dimanche, de 10 à 18h
    • Combien ? Tarif plein : 12 €, 6 € pour les moins de 30 ans

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