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    « La Sentence », véritable plaidoyer pour les librairies indépendantes

    Titre : La Sentence
    Autrice : Louise Erdrich
    Editions : Albin Michel
    Date de parution : 6 septembre 2023
    Genre : Roman

    Si vous connaissez un peu Louise Erdrich, vous savez qu’elle a pour habitude de mettre en scène des personnages amérindiens. Cette particularité perdure dans La Sentence : Tookie, jeune femme indienne d’origine potawatomi (peuple du Mississippi), s’est laissée convaincre de déplacer un cadavre à travers non pas un mais deux Etats et de porter le chapeau par amour… la pauvre en paiera le prix en décrochant un séjour de dix ans en prison.

    N’ayez crainte, La Sentence n’est pas un livre sur les déplorables conditions carcérales pour femmes, avec tabassages, racket et compagnie, mais au contraire un roman très lumineux. En effet, les dix années en milieu carcéral ne dureront que quelques pages et le livre ne débute vraiment qu’à la sortie de prison de Tookie. Grâce à l’une de ses anciennes professeurs avec qui elle est restée en contact, Tookie est engagée dans une librairie. Et dans la foulée, elle épouse Pollux, un ancien policier. Joli tableau d’une seconde chance. Mais La Sentence n’est ni un livre tarte comme un téléfilm de Noël, ni une histoire feel good pour autant.

    De manière très réaliste, Louise Erdrich nous replonge à l’époque de la prise de conscience et des émeutes qui ont suivi le meurtre de George Floyd, tout en nous renvoyant face à cette impitoyable pandémie de Covid 19 qui a bouleversé nos vies à tous niveaux.

    Les personnages sont quant à eux touchants et imparfaits, notamment la principale concernée, Tookie. Loin d’être irréprochable, elle était régulièrement défoncée avant d’être incarcérée…et la drogue, oh c’est mal ! Ce qui ne l’a pas empêchée de refaire sa vie, avec sans doute davantage de facilités grâce à la magie de la fiction, mais le message de persévérance véhiculé est non négligeable. Pointons aussi la relation conflictuelle qu’elle entretient avec sa quasi belle-fille, une jeune femme qui elle aussi a fait de mauvais choix et lui donne du fil à retordre.

    Quant à la librairie où Tookie travaille, c’est un personnage à part entière. Un cocon doux et accueillant qu’une cliente fidèle, fraîchement décédée, décide d’ailleurs de hanter en faisant froufrouter ses jupes fantomatiques dans les rayons. Cela agace plus Tookie que ça ne l’effraie, parce qu’après tout, quel endroit est plus fantastique qu’une librairie ? C’est un peu le propos que veut faire passer Louise Erdrich, elle-même libraire indépendante depuis 20 ans.

    Sortons le poncif pompeux mais tellement vrai : ce roman est une véritable ode aux livres et au pouvoir de la littérature. L’autrice a d’ailleurs parsemé son récit d’un bon paquet de références littéraires, régal garanti pour les curieux avides de nouvelles découvertes livresques. A part ça, notez également que La Sentence a eu la chance de faire partie des quelques livres primés cet automne en remportant le Prix Fémina du roman étranger 2023. On s’en fiche un peu (même beaucoup) des prix littéraires, mais si cela peut conférer un atout supplémentaire à ce livre, nous sommes prêts à sortir la grosse artillerie même la moins finaude !

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