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    Le feeling good des “Perfect Days”

    Perfect Days
    de Wim Wenders
    Drame, Comédie
    Avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano
    Sortie le 29 novembre 2023

    C’est l’histoire d’un allemand qui doit réaliser quatre courts-métrages sur les toilettes publiques au Japon. Ce qui s’apparente au début de la blague que votre oncle place entre le plat et la bûche au repas de Noël, et dont le ressort comique s’articule plus ou moins autour d’un certain racisme ordinaire, n’est autre que la genèse de Perfect Days, le nouveau film de Wim Wenders.

    Au final, seul le format a changé. Le réalisateur est toujours allemand. Le pays demandeur est toujours le Japon. Et son offre a toujours pour thème les toilettes publiques. Ainsi, le film suit le quotidien d’Hirayama, un agent d’entretien sexagénaire tokyoïte aux journées réglées comme du papier à musique. Nettoyer les mêmes toilettes, manger le même sandwich dans le même parc, faire les mêmes trajets de retour, manger le même repas dans la même station de métro, lire à la même heure, rêver de la même chose. De son levé à son couché en passant par l’arrosage de ses plantes ou la boisson qu’il achète au distributeur, toute l’existence d’Hirayama paraît figée, éternelle, jour de travail comme jour de congé. Pourtant, cette routine apparaît plus comme stabilité de confort que comme pure rigidité. En effet, l’agent d’entretien ne dit jamais « non » et change assez facilement ses plans lorsque son excentrique apprenti a besoin d’un coup de main. Passif peut-être, Hirayama ne semble pas pour autant malheureux et son existence taiseuse et solitaire ne s’apparente jamais à un poids.

    Pourtant, cette image que l’on se fait de lui, cet être qu’on croit toucher tant son immuabilité semble avoir toujours été présente, change tout à fait lors de l’arrivée inopinée de sa nièce dans sa vie. Cet évènement, qui est sans nul doute l’élément déclencheur de la narration (bien que nous sommes quasiment à la moitié du film déjà) n’a, pourtant, pas les effets classiques du ressort. Non, la vie du vieux japonais ne va pas radicalement changer au contact d’une jeune femme pleine de vie. Non, la morale de l’histoire n’est pas « carpe diem, la vie vaut le coup d’être vécue ». Ce qu’apporte cette incursion dans le quotidien du personnage va « simplement » changer l’image qu’on se fait de lui. Sans que les révélations sur qui il est soient précises, on réalise que l’on se fourvoyait lorsqu’on pensait le connaitre. On ne sait pas qui il est, mais on sait qui il n’est pas.

    On comprend alors ce besoin de stabilité logistique qui palie aux traumas et à l’absence de stabilité émotionnelle qu’ils ont eue pour conséquence. Que tout soit prévu, ça évite de penser, ça évite l’imprévu qui est synonyme de malheurs. On peut même se dire que si tous les jours se ressemblent, alors, il n’y a pas de demain. Et s’il n’y a pas de demain, c’est qu’il n’y a plus d’hier. Le style de vie d’Hirayama ne s’est donc pas imposé à lui. C’est Hirayama qui s’est accommodé à la vie, qui a trouvé un cadre sécuritaire où les petites choses et l’absence de bouleversement viennent redonner du goût à la celle-ci. À l’image de la partie de morpion qui jalonne le film, et dans laquelle le sexagénaire ne fait que défendre, Hirayama s’adapte à l’adversité en faisant le choix le plus raisonnable, celui qui ne fait pas perdre une partie pourtant mal embarquée.

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