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    Factory Festival à Liège : le festival des artistes émergents, cuvée 2023

    Depuis 2015, à Liège, se déroule le Festival dédié aux compagnies et artistes émergents dit Factory. Factory est une émanation du Festival de Liège et prend ses quartiers au manège Fonck, lieu abritant autrefois les chevaux de la caserne militaire, endroit superbe conférant à cet événement une aura magique et particulière. L’objectif de ce festival est double, d’un côté, offrir aux artistes et aux compagnies un espace concret où donner vie à leurs idées, à leurs créations, ainsi qu’un accompagnement et de l’autre, permettre une visibilité plus grande vis-à-vis des divers professionnels et programmateurs.

    La Factory est un vivier. Elle permet de découvrir des étapes de travail ou des spectacles qui sont repris, créés ou développés dans la saison à venir. On a déjà pu découvrir, par exemple, plusieurs spectacles qui ont fait leur petit bonhomme de chemin : HomePaying for itCeux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vusLa riveOn est sauvage comme on peutHa Tafhénewai !J’abandonne une partie de moi que j’adapteDes caravelles et des batailles, Carnage, Un loup pour l’homme, Le mystère du gant ou encore Marche salope qu’on pourra voir au Martyrs en mai 2024. Autant dire qu’on est chaque année impatient de découvrir les prochains projets qu’on nous présentera durant ce festival.

    Cette année, on a encore vu une dizaine d’extraits et de présentations de projets. On attend de belles choses de certains spectacles comme Glisser, tomber de Delphine De Baere ou The best of me de Martin Rouet qui mettent aussi beaucoup d’eux dans des spectacles qui promettent beaucoup. De l’humour burlesque sur fond d’angoisses et de tentatives ratées d’être les « meilleures versions de nous-mêmes », pour le premier. Et pour le second, une recherche aussi sur ce concept de « meilleur de soi-même » et la difficulté d’accepter l’échec sur fond de réseaux sociaux. Si la thémtatique de l’auteur-acteur semble très intéressante, il est difficile de voir où il va aller pour présenter son concept. Vidéo ? Audio ? Seul en scène ? Spectacle muet ? Mais arrêtons-nous sur trois d’entre eux qui nous ont vraiment enthousiasmé :

    Le seigneur des Porcheries

    Basé sur le roman du même titre (Lord of the Barnyard: Killing the Fatted Calf and Arming the Aware in the Corn Belt, en version originale) de Tristan Golf, un écrivain américain, ancien musicien punk et contestataire, qui s’est suicidé à 33 ans. ce roman raconte l’histoire de John Kaltenbrunner, un paria de la ville de Baker qui va, grâce à une poignée de laissés-pour-compte bouleverser la société d’alcooliques, de bigots et de racistes qui les ont rejetés. L’interprétation des extraits qu’on a vu sont à l’image de l’ouvrage : virulente, contestataire et drôle. Les extraits nous ayant laissé juste avant la fin, on est impatient de découvrir le spectacle complet.

    Flo

    Lucile Marmignon travaille sur un sujet qui peut décontenancer : les morts. L’autrice et actrice s’intéresse aux morts et aux mortes de nos histoires et de la manière de leur donner une voix. En partant de son histoire familiale compliquée (sa mère morte quand elle était jeune, son père exclu de sa parentalité et d’elle et sa soeur qui sont ensuite placées), Lucile Marmignon veut aller plus loin et donner une voix à tous ces morts qui ont côtoyé cette histoire, par la lectures de divers archives et registres. Pour nous mettre l’eau à la bouche, elle interprète quelques passages de sa vie et c’est franchement hilarant tout autant qu’émouvant. Si son concept est si admirablement bien servi par ses qualités de jeu, le projet devrait être un excellent moment de théâtre.

    Chance

    Ici aussi l’autrice et actrice puise dans sa vie et son expérience pour créer son prochaine spectacle. Mère d’un enfant extraordinaire, elle cherche à comprendre la notion d’handicap et de bouleverser le regard que l’on porte sur les personnes en situation d’handicap intellectuel. Mais il n’est pas question d’être un spectacle documentaire, moralisateur ou triste mais d’une fiction avec son lot d’imaginaire qui permet d’aborder le sujet d’une autre manière et de mettre aussi en avant tout le positif. Si Céline Beigbeder a réussi à nous toucher profondément rien qu’en présentant son projet, on ne doute pas que le format théâtral qu’elle prépare en sera tout autant extraordinaire.

    Plus d’infos sur : https://www.factoryfestival.be/

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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