Le Labyrinthe (The Maze Runner)
de Wes Ball
Action, Science-Fiction, Aventure
Avec Dylan O’Brien, Aml Ameen, Will Poulter, Kaya Scodelario, Thomas Brodie-Sangster
Sorti le 15 octobre 2014
De Sa majesté des mouches à Hunger Games, il semble que la survie des enfants ou adolescents en milieu hostile soit un riche filon fictionnel. The Maze Runner, adapté de l’Épreuve, trilogie pour adolescents de James Dashner parue en 2012, s’inscrit dans cette veine.
Thomas, 16 ans, se retrouve un jour au beau milieu d’une clairière ceinte par de hauts murs, observé par quelques dizaines d’adolescents alors qu’il reprend connaissance. Amnésique, il découvre que ces garçons vivent ainsi en autarcie depuis plusieurs mois, voire plusieurs années pour certains. Une fois par mois, des provisions et une nouvelle recrue leur sont envoyées. Mais si le groupe peut subvenir à ses besoins, il lui est apparemment impossible de s’échapper : la clairière est entourée d’un labyrinthe que les adolescents les plus entraînés physiquement explorent quotidiennement, sans en avoir jusque-là trouvé l’issue. L’arrivée de Thomas, à la curiosité insatiable, va peut-être bouleverser les choses…
Le ressort principal de la narration s’apparente donc au plan d’évasion pour prisonniers en détresse, ce qui n’est pas particulièrement original. Toutefois, en privilégiant le point de vue de Thomas qui recueille d’emblée notre sympathie puisque, comme nous, il ne comprend rien à la situation, Wes Ball parvient à nous intriguer. Durant la première partie du film, en effet, il plante le décor : on ne se lasse pas de parcourir cet espace circulaire étrange, nid de verdure clos où évoluent paisiblement des adolescents d’aujourd’hui récoltant des fruits ou guidant le bétail. Le cinéaste dépeint avec une certaine justesse l’initiation de Thomas, comme s’il arrivait dans un nouveau lycée, dont les codes et les références lui seraient étrangers. L’identification au héros fonctionne ici pleinement. En le suivant dans ses premiers jours, on appréhende peu à peu et par bribes les jeux de pouvoir, les modes de relations et l’éthique qui régissent cette communauté, comme si nous aussi, nous vivions la désagréable expérience de Thomas.
En outre, Wes Ball instaure dès le début un climat ambigu : le labyrinthe est comme en arrière-plan, et le groupe semble plutôt se concentrer sur la construction d’une société harmonieuse à l’intérieur. Ainsi, la curiosité de Thomas, beaucoup plus intéressé par le moyen de rejoindre l’extérieur que par la structure et les règles internes, nous happe d’autant plus qu’il apparaît comme le seul individu extérieur au monde du labyrinthe, à l’instar du spectateur. Pendant toute une partie du film, on se contente de regarder l’entrée du labyrinthe, ses bruits nous parviennent, on croise les élus qui ont le privilège de l’arpenter (enfin, privilège façons de parler : il y a quand même de grosses bêtes à l’intérieur) : bref, comme Thomas, on a à la fois un peu peur et très envie d’aller y faire un tour.
Malheureusement, c’est précisément à partir du moment où on pénètre dans ce fameux labyrinthe que The Maze Runner perd peu à peu de sa substance. Si le film réserve quelques scènes d’action nocturnes assez stressantes, l’histoire s’accélère alors pour se concentrer sur la recherche de la sortie. Les bouleversements se chevauchent presque, sans qu’on comprenne forcément le sens de chacun : l’arrivée d’une fille dans la communauté, par exemple, est une idée à peine exploitée. On a ainsi l’impression que Wes Ball a été pris de court, comme si son producteur lui avait dit « t’es bien gentil avec ton reportage sur la micro-société adolescente, mais il ne faudrait pas tarder à boucler le truc ». Et donc, tout s’enchaîne très rapidement, et le pourquoi du comment nous est alors livré en quelques explications succinctes. Après tant d’attente, forcément, elles déçoivent. Autant Lost s’étirait à n’en plus finir, autant ici, c’est franchement assez bâclé. Personnellement, à la place de Thomas et de ses potes, si je venais de passer un an dans un labyrinthe à éviter des araignées géantes et à planter des graines, je m’estimerais en droit d’en savoir un peu plus.