Après les scénaristes, ce sont les acteurs qui ont décidé de partir en grève contre les studios et les diffuseurs. Un coup dur pour l’industrie du cinéma d’outre-Atlantique… et mondial.
L’information est arrivée jeudi soir via une conférence de presse de la SAG-AFTRA (syndicat qui représente plus de 160.000 professionnels du secteur) : les acteurs se joignent aux scénaristes – en grève depuis mai – dans leur lutte syndicale contre les studios et diffuseurs de cinéma. « Les membres du syndicat devraient faire grève jusqu’à ce qu’un accord équitable soit obtenu » a déclaré Duncan Crabtree-Ireland, l’un des responsables de la SAG-AFTRA. Concrètement, les membres du syndicat vont débrayer dès ce vendredi matin et auront pour interdiction d’assister aux avant-premières, d’accorder des interviews promotionnelles, de participer à des cérémonies de remise de prix, d’assister à des festivals de cinéma ou encore de promouvoir des projets sur les réseaux sociaux, et ce, pour une durée indéterminée.
Les raisons de la colère
La colère des acteurs rejoint donc celles des scénaristes. En cause, le manque de financement mais aussi le streaming et l’intelligence artificielle qui ont bouleversé le modèle économique de l’industrie du divertissement. Si les grévistes comprennent l’évolution des technologies et l’adaptation nécessaire de leurs métiers, ils demandent néanmoins que les contrats tiennent compte de ces avancées. Comme le précise le représentant syndical : « Si nous ne revendiquons pas nos droits aujourd’hui, nous serons tous en danger demain. On ne peut pas changer radicalement un modèle économique sans s’attendre à ce que les contrats changent également », avant d’ajouter : « Je n’arrive pas à comprendre comment les studios puissent plaider la pauvreté, argumentant des pertes d’argent de tous les côtés, alors qu’ils donnent des centaines de millions à leurs PDG. C’est répugnant. Qu’ils aient honte. »
Pour rappel, l’industrie du cinéma s’est lancée depuis quelques années dans l’aventure de l’intelligence artificielle afin de générer plus de contenu et dès lors, de revenus, pour alimenter les plates-formes de streaming, dont l’appétit est insatiable face au binge watching de leurs abonnés. Mais ces derniers temps, l’IA a progressé de manière fulgurante, même pour le grand public avec Chat GPT ou Midjourney pour ne citer qu’eux. De ce fait, plusieurs scénarios sont aujourd’hui orientés voire terminés par des IA ; les visages et autres animations sont également développées de manière autonomes par des IA ; et des voix professionnelles sont même numérisées pour être exploitées à l’envi ultérieurement (avec le concours de doubleurs et artistes belges, comme le souligne le quotidien Le Soir dans une enquête parue aujourd’hui).
Quoi qu’il en soit, l’industrie cinématographique souffrira et souffre déjà de cette grève. Hier soir, en pleine promotion du film Oppenheimer à Londres, le réalisateur Christopher Nolan a annoncé le départ des acteurs Matt Damon, Robert Downey Jr et Emily Blunt avant la présentation du film sur la scène du cinéma Odeon Luxe. Ces derniers se déclarant solidaires avec les grévistes.
Christopher Nolan says the cast of #Oppenheimer left the premiere to ‘go and write their pickets’ and join the strike pic.twitter.com/rc2SaSxcfk
— Deadline Hollywood (@DEADLINE) July 13, 2023