Titre : L’intrus
Autrice : Bénédicte Des Mazery
Editions : Plon
Date de parution : 6 avril 2023
Genre : Roman
Elise et Romain forment un petit couple sans histoire depuis sept ans. Seule ombre au tableau, la mort du père d’Elise, survenue un an auparavant. De ce fait, ils doivent se coltiner Mina, la mère de la jeune femme, qui se languit de son mari et devient intrusive pour combler sa perte. Leur vie à tous est ébranlée le jour où Elise découvre qu’elle attend un bébé. N’ayant jamais voulu d’enfant, elle n’envisage pas de le garder. C’était sans compter sur l’échographie qui révèle qu’elle est enceinte de sept mois et demi, l’obligeant à mener sa grossesse à terme. Quant à Romain, il y voit le moyen de satisfaire son besoin de paternité, rêve mis au rancart depuis sa rencontre avec sa chère et tendre.
Comme on s’y attend, c’est mal barré vu qu’Elise nous fait un beau déni de grossesse. Durant cette courte période précédant l’accouchement, Romain ne s’avoue pas vaincu. Il a l’idée discutable de se procurer un « reborn baby », ces ersatz de bébés, des poupées en silicone dont la ressemblance et la texture par rapport à un véritable poupon sont assez troublantes. Il espère ainsi que l’instinct maternel d’Elise va pousser comme un pissenlit. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. La future maman, dans un premier temps dégoûtée par ce faux bébé, se met à développer après l’accouchement un attachement malsain envers la poupée, au détriment de son propre fils.
L’idée de départ est audacieuse : un thriller autour de la maternité avec comme originalité la présence d’une poupée « reborn » bien glauque. Sauf que la mayonnaise n’a pas pris. En voici les raisons :
Ce qui nous a d’emblée fait grincer des dents est le style, majoritairement composé de dialogues, très souvent familiers et trop régulièrement invraisemblables, ce qui finit pas agacer. La narration omnisciente aurait pu nous offrir du recul sur les interactions entre les personnages, voire davantage de descriptions, mais les actions sont totalement cadenassées dans les dialogues.
Quant aux clichés, ils sont légion dans cette histoire. Des considérations bien lourdes à propos de l’instinct maternel, de la rivalité mère-fille et du non désir de maternité. On a l’impression de lire les théories d’ados rebelles très très en colère qui sortent des jugements à l’emporte pièce sur ces thématiques pourtant très délicates et qui mériteraient d’être traitées avec plus de nuances.
Si vous êtes amateurs de traditions venues d’outre-Atlantique, rassurez-vous, la « baby shower » ne vous sera pas épargnée, avec son lot de concours de change de couches et de mères abêties par la compétition et la comparaison maternelles. Ces dernières seront cependant assez sympas pour fournir les références d’une excellente « baby planeuse » aux mères en détresse. Etait-ce bien nécessaire ?
On ne va pas vous cacher qu’à plusieurs reprises, nous avons eu envie d’arrêter la lecture. Néanmoins, la fin nous révèle une petite surprise, mais qui est, avouons-le, trop faible pour rattraper l’ennui et les soupirs poussés pendant les 300 premières pages.
Cependant, même si la forme ne nous a pas convaincus, l’idée générale de l’autrice autour du thème de « l’intrus » est excellente, car ce concept est protéiforme, chaque personnage pouvant finalement être l’intrus d’un autre. D’un point de vue psychologique, c’est assez intéressant.
Bref, à vous de voir…