Titre : Le héros de Berlin
Auteur : Maxim Leo
Editions : Actes Sud
Date de parution : 03 mai 2023
Genre : Roman
Que certains utilisent l’impact émotionnel des grands événements historiques pour se mettre en avant n’est pas chose nouvelle. Et lorsque l’on évoque un événement aussi emblématique que le rideau de fer qui sépara les deux Allemagnes durant des décennies, les faux-héros, ceux qui étaient soi-disant là au bon moment et au bon endroit se bousculent afin de mieux se mettre en valeur. Le héros de Berlin de l’écrivain Maxim Leo aborde ce thème… en choisissant un point de départ diamétralement à l’opposé… pour mieux nous faire sourire mais surtout pour nous interroger sur la fabrique des héros et du récit médiatique.
Michael Hartung, qui tient un des derniers vidéo-clubs de Berlin, reçoit la visite d’un journaliste. Des dossiers exhumés de la Stasi montreraient qu’un jour de juillet 1983, Hartung, à l’époque aiguilleur, aurait organisé l’évasion de 127 personnes vers l’Ouest dans un train de banlieue. L’intéressé nie d’abord catégoriquement, mais la tentation d’être un héros est trop belle… Les médias s’emparent de l’histoire, un livre et un film sont en préparation, Hartung est célèbre ! Mais lorsqu’il rencontre Paula, une jeune femme qui était à bord du train détourné, et tombe amoureux d’elle, il comprend qu’il va devoir trouver un moyen de s’extirper du mensonge dans lequel il s’est enferré. S’il est encore temps.
Moins de nuances pour un narratif plus fluide
Avec ce roman, l’écrivain nous interroge sur la vérité historique et sur les petits arrangements nécessaires pour construire un récit cohérent et qui parle à tous. Car si l’on dit que l’Histoire est écrite par les vainqueurs, il semblerait que ceux-ci auraient plutôt tendance à aller vers une plus grande simplification, au risque d’en gommer les nuances, afin de servir leurs intérêts immédiats et de s’insérer dans un narratif justifiant leur politique.
Ecrite par une plume acerbe, cette amusante satire saura retenir l’attention du lecteur tout au long du récit, parfait équilibre entre scènes loufoques et réflexion plus profonde sur notre besoin de créer des héros auxquels on peut s’identifier.