D’après Parce que les tatouages sont notre histoire d’Héloïse Guay de Bellissen, adapté par Sophie Jallet. Mise en scène Sophie Jallet. Avec Thomas Linckx, Mélissa Roussaux et Stéphane Stubbé. Du 23 mai au 27 mai 2023 au Théâtre Jardin Passion.
Le Théâtre Namurois Jardin Passion nous propose encore et toujours une petite merveille. Epidermique nous fait voyager sur les corps, les continents, l’Histoire et les récits de vie. Une femme tatoueuse raconte une kyrielle d’anecdotes tournant autour des tatouages à son père atteint d’Alzheimer. De la petite histoire à des faits historiques, nous nous laissons emporter dans les méandres de la destinée de ces dessins du corps. Tantôt amusant, cocasse, poignant, tantôt épineux, dur ou attendrissant, mais toujours avec une belle poésie. Il ne s’agit pas simplement de tatouages, mais de personnes dont l’existence est bouleversante.
Thomas Linckx, Mélissa Roussaux et Stéphane Stubbé nous présentent cette pièce stratifiée en plusieurs histoires proches de fables. Tous trois possèdent des voix de conteurs qui nous ravissent et nous font bourlinguer sur l’épiderme et les murs de nos civilisations. Le tout est rythmé par une réelle douceur qui permet de vivre chaque anecdote sans en être brusqué.
La mise en scène de Sophie Jallet agrémentée de la scénographie de Thibaut de Coster, de Charly Kleinermann et de la création lumière de Benoit Lavalard nous fait briller des yeux. À chaque déplacement, nous sommes ailleurs, nous quittons une histoire pour une autre, toujours sans aucune aménité. Un mur de graffitis devient rapidement une prison ou une boutique de tatoueur.
Adapté du livre Parce que les tatouages sont notre histoire d’Héloïse Guay de Bellissen, le texte est d’une grande richesse. Les répliques sont de telles pépites qu’on aimerait les noter, mais déjà d’autres réparties ou descriptions nous enchantent les oreilles. Et si le tatouage est le prétexte pour nous raconter toutes ces images, il n’est jamais gavant et ne revendique à aucun moment un discours de défense de lui-même qui placerait en défaut les indéfrichés de la pelure anatomique. Deux des trois comédiens disent d’ailleurs ne pas avoir le moindre tattoo. Il n’y a pas de jugement, pas de politique, seulement un exposé vivant sur ces esquisses qui tracent et retracent la vie de leurs propriétaires. Et qu’importe si l’histoire du tatouage n’est pas celle que l’on croit, elle est celle du corps sur lequel elle évolue.
Une pièce à découvrir rapidement ! Jusqu’au 27 mai 2023 au Théâtre Jardin Passion. Et nous pouvons même profiter de l’atmosphère familial des lieux pour discuter avec les comédiens après le spectacle.
Faut-il être tatoué pour pouvoir apprécier cette pièce ? Aucunement. Elle s’adresse à tout le monde, à tous les âges et toutes les vies. Que nous ayons la peau vierge, un petit tattoo ou une fresque corporelle, elle fait écho avec chacune de nos existences.