A l’écoute de la musique de Sharon Jones et ses Dap-Kings, on a l’impression de faire bon dans le temps.
Retour à l’époque de la Motown, des Cadillac Records, à James Brown trempé de sueur sur scène. Des retrouvailles avec une musique portée par des musiciens qui jouent comme si leur vie en dépendait.
Très attendu par les fans du groupe, Give the people what they want , paru sur Daptone Records, ne déçoit pas. D’abord prévu en mai 2013, le cinquième opus du groupe fut reporté à une date ultérieure ; Jones venait d’être diagnostiqué avec un cancer de la vésicule biliaire (qui s’est propagé au pancréas).
Dans un entretien avec le Wall Street Journal, la chanteuse a révélé qu’elle ne pensait ne plus jamais monter sur scène. Mais étant venue à bout de son cancer, elle confie, à 57 ans, être convaincue que si elle continue c’est avec la certitude que: « La vie me réserve encore quelque chose, alors je vais continuer jusqu’à ce que quelque chose me dise que c’est bon, j’ai eu assez » , promet-elle.
Jones débute sa carrière en 1996, à l’âge de 40 ans mais son premier album studio Dap Dippin’ with Sharon Jones and the Dap-Kings sort seulement six ans plus tard, en 2002, sur le label monté par les Dap.
Collaborateurs attitrés de Madame Jones et instrumentistes hors pairs, ils ont notamment participés à plusieurs titres de l’album culte d’Amy Winehouse Back to Black. Retreat ouvre l’album et même si le morceau a été écrit et enregistré avant son diagnostic, il annonce la couleur, qu’elle ne se laissera pas faire.
Un cri du cœur répété un peu plus tard sur We get along ou People don’t get what they deserve , elle ne cesse de rappeler qu’il n’y a pas d’autre options possibles, excepté aller de l’avant.
Elle clame haut et fort son indépendance et crie son envie d’être là et surtout son bonheur d’être là.
Elle nous chante les déceptions amoureuses (comme sur Stranger to my happiness), les promesses non tenues par la vie. Le langoureux Slow down love clôt un opus solaire et appelle à profiter de l’instant présent plutôt qu’à le gaspiller en paroles vaines.
Ensemble, Jones et les Dap proposent, à chaque sortie d’album, un son old school moderne. Le groupe ne tente pas d’imiter une époque mais porte fièrement ses compos et son groove, parfois blues et d’autres funk.
Les cuivres, les tambourins, les choristes, la voix de Jones forment un tout cohérent plutôt jouissif. Le genre d’album qu’on met en musique de fond lors d’un barbecue ou d’un dîner tranquille à la maison.
Finalement, Jones ne s’autoproclame pas soulwoman. Elle transpire la soul et la voir sur scène vous fera aimer un genre musical trop souvent singé par des artistes en quête de life credibility, à défaut d’être éligible à la street créd’.
Pour info, elle sera en concert à l’AB le 18 mai prochain.