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    [BIFFF Jour 7] : Un ovni hongrois nécrophile, des jeux de mains et le retour du grand méchant loup

    Halfway home ou ELLE EST ENCORE CHAUDE

    « Papa, c’est quoi les ingrédients pour faire un bon film ? » me demandait encore mon fils imaginaire, avorté avec quelques millions de congénères dans un mouchoir encore fumant de mes émois nocturnes. J’ai quand même tenu à lui répondre. Parce que l’amour va au-delà de la mort, comme le confirmera notre film hongrois résolument nécrophile.

    Un bon film ça demande de bons acteurs. Check. Un bon scénario. Check. De chouettes décors. Check. Du rythme, peut mieux faire mais check. Des dialogues pas trop clichés ou rasoir. Check.

    Alors c’est quoi cet ovni hongrois nécrophile qui aurait fait tomber les cheveux de notre très conservateur Orban ? Halfway Home c’est l’histoire poético-gothique d’un jeune qui commence comme veilleur de nuit dans une morgue. Pas de bol pour lui, sa morgue c’est aussi une porte d’entrée du purgatoire et il doit aider les morts à rejoindre le paradis dans les 30 jours qui suivent leur décès, sans quoi ils se font avaler par une sorte d’inquisiteur barbu tout rouge. Pas de bol, notre héro retrouve son premier soir la fille dont il était tombé amoureux la veille. Elle a eu un accident de bus, bus qu’elle a pris parce qu’il est arrivé en retard à leur premier date. Comme quoi, les dates c’est comme les règles, quand ils arrivent en retard c’est pas toujours une bonne nouvelle.

    Alors petit spermatozoïde parti trop tôt, oui c’était un bon film. Décors léchés dans une Hongrie mi-bloc de l’est, mi-fantastique. On aime la sorcière, sa chèvre pédo-satanique et son corbeau domestique. On aime aussi cette histoire d’amour qui va traverser le film et pousser notre héro à tout faire pour ramener sa copine dans le monde des vivants. Si le film est un peu long sur la fin, la poésie qui caractérise le film enlève les quelques lourdeurs rythmiques. T.C.

    Talk to Me : Jeux de mains, …

    Deux ans après que sa maman ait eu la main lourde avec des somnifères au point de manger les pissenlits par la racine, Mia commence à peine à se remettre de ce traumatisme. Heureusement, elle peut compter sur sa pote Jade pour lui prêter main forte. Parce qu’ensemble, elles sont unies comme les deux doigts de la main. La mère de Jade a même le cœur sur la main puisqu’elle permet à l’ado d’habiter chez eux en compagnie du petit frère Riley qui a un faible pour Mia mais n’arrive pas à prendre son courage à deux mains. Et pour les remercier de ce coup de main, Mia va laisser Riley participer à une séance de spiritisme durant laquelle il est en contact avec le fantôme de sa mère. Ni une ni deux, le gosse commence à se défoncer la gueule contre les murs et n’y va pas avec le dos de la main morte puisqu’il se retrouve à l’hôpital en un tour de main. Une belle désillusion pour Jade (qui a en plus surpris Mia avoir les mains baladeuses avec son boyfriend) et sa maman qui auraient mis leurs mains à couper que Mia faisait partie de la famille. Mais prise la main dans le sac, cette dernière ne s’en lave pas les mains et retourne à l’assaut pour libérer Riley des démons. Et prie pour que celui-ci ne soit pas entre de mauvaises mains.

    Vous l’aurez vite compris, on a eu la main heureuse avec ce Talk to Me. Loin d’être un banal film d’esprit, il arrive à balayer d’un revers de main tous les clichés du genre tout en jouant avec ceux-ci de manière plus subtile et intelligente que la plupart. Et ça, on applaudit des deux mains ! Entre un jeu d’acteur au poil (mais pas dans la main) et une réalisation sobre mais efficace, Talk to Me pourrait sortir vainqueur haut la main de la compétition internationale dans laquelle il est sélectionné. En tout cas, on met notre main au feu qu’il aura encore de nombreuses vies après ses présentations en festival et qu’il restera dans les mémoires. Petit bijou donc à consommer sans modération chez soi, seul ou avec des amis. Mais surtout seul parce que c’est plus drôle.

    Ah oui, je vous ai dit que l’outil utilisé pour contacter les esprits était une main ? O.E.

    Ferocious Wolf : récital en dos mineurs

    Les traumatismes d’enfance reviennent toujours à la surface à un moment ou un autre. Prenez Laura, Xara, Beyza et Anna-Sophia par exemple. Elles sont toutes les quatre stagiaires au BIFFF et illuminent nos arrivées au stand presse de leurs sourires et de leurs blagues parfois douteuses (souvent en vrai mais chut). Mais derrière ces sourires de façade se cachent sûrement des démons enfouis. Parce que pour choisir de passer deux semaines dans ce festival à côtoyer des fous furieux et à se taper les films les plus dérangés du moment, il faut plus qu’un complexe d’Œdipe. Alors on prend les paris. Qui de Laura, Xara, Beyza ou Anna-Sophia disjonctera en première, crèvera les yeux d’un journaliste et laissera une multitude de cadavres dans son sillage. Pour participer au jeu et, peut-être, gagner un millions de jetons grâce au Bifffophone, envoyez le nom de la sociopathe en puissance au 3615 et gagnez peut-être aussi des places pour le showcase privé de K-Maro !

    Matilde, ça fait déjà un petit temps qu’elle a passé le stade de faire un tantrum puisque quand elle était petite, elle a joué du violon avec les cordes vocales du Marc Dutroux local en utilisant un couteau comme archet. Et maintenant, elle a kidnappé le suspect principal du meurtre sordide de sa fille biologique pour lui faire comprendre que la justice avec elle n’est pas à deux vitesses mais qu’elle se rend de manière expéditive comme un platane dans la gueule de Pierre Palmade (si on fait tous un vœux, le Wishmaster nous entendra peut-être…). Et pour cela, elle va être aidée par l’inspecteur Alonso qui a lui aussi sa propre vision de la justice rendue et qui enquête sur l’affaire.

    Autant vous prévenir tout de suite, ce remake de Big Bad Wolves est une véritable claque cinématographique à ne pas mettre entre toutes les mains. Entre le thriller policier, le huis-clos vengeur et le torture porn soft, ce Ferocious Wolf nous attrape à la carotide dès les premières minutes pour ne jamais relâcher son étreinte. Telle la marée partant à l’assaut de la plage, le rythme revient par vague, se rétractant toujours un cran plus loin et revenant toujours un peu plus vite. Le film de Gustavo Hernández restera à coup sûr comme un des films marquants du festival. Le jeu d’acteur, le scénario, la réalisation, tout est parfaitement rôdé pour nous offrir un véritable moment de cinéma. La fin laisse de nombreuses questions ouvertes et c’est tant mieux. Ferocious Wolf est définitivement la preuve que quand un remake n’est pas fait par des Américains, il peut être une réussite flamboyante. O.E.

    Thomas Cals et Olivier Eggermont

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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