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    Environnement toxique : Sexisme dans le pétrole

    Scénario : Kate Beaton
    Dessin : Kate Beaton
    Éditeur : Casterman
    Sortie : 08 mars 2023
    Genre : Roman graphique

    Endettée, Kate Beaton abandonne le Cap Breton et ses paysages insulaires qui n’ont plus rien à promettre, pour se tourner naturellement vers les terres pétrolifères de l’Alberta. On dit que l’argent y coule à flots pour celui qui n’a pas peur de se salir les mains. Certes, mais à quel prix ? Les sables bitumineux n’ont que faire des 38h/semaine, ni même du bien-être au travail. Tous les jours, ils engloutissent un peu plus d’hommes et de femmes qui ne demandent pas mieux que de devenir les rouages fatigués de la précieuse machine pétrolière. L’exil de Kate Beaton sent un peu les raisins de la colère. Mais surtout il pue le machisme. Tout dans cette ville-dépôt, de grues et d’outils, transpire le mâle. Alors si par malheur, vous êtes une demoiselle, jeune de surcroît, il est évident que vous ne passerez pas inaperçue. Regards insistants, dragues lourdes et incessantes, à Fort Lake, on n’écoute pas les femmes, on les bafoue.

    Du récit de Kate Beaton, Pénélope Bagieu affirme que le lecteur n’en sortira pas indemne. Et c’est vrai qu’à sa manière, Environnement toxique est culotté(es). Mais les deux autrices n’ont pas pour seul point commun d’avoir publié un ouvrage dans lequel des femmes fortes prennent la parole. Elles ont aussi toutes deux réussi à tirer des petits blogs avec lesquels elles avaient commencé, assez de matière pour s’inscrire dans ce genre de bande dessinée tendance, auto-fictionnel avec un dessin rapide et accessible, qui pullule sur les réseaux et dans les librairies.

    Se sentir valorisée par ses pairs, c’est déjà quelque chose. Mais quand votre ouvrage fait partie de la liste des livres de chevet d’un ancien président américain, c’est carrément la consécration. Comme Barack Obama, on ne peut que reconnaître le fort potentiel du récit de Beaton. Il traverse différentes problématiques actuelles – que ce soit celle de l’environnement, du patriarcat, ou encore la perméabilité des classes sociales, renforcée notamment par le coût hallucinant des études – sans jamais se donner un air moralisateur. C’est avec tendresse et empathie que la jeune Canadienne s’affranchit d’un des moments les plus douloureux de sa vie. Elle ne culpabilise personne, elle communique. Et surtout elle donne la parole à ceux qu’on ne voit pas, déshumanisés et cantonnés dans des entrepôts isolés de toute autre forme de vie. D‘un point de vue purement créatif, néanmoins, on s’ennuie un peu. Les dessins sont répétitifs et manquent d’expressivité. Les cases sont majoritairement composées des personnages principaux vus sous différents angles. Mais, qu’on se le dise, pas besoin de 400 pages pour avoir fait le tour.

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